Emile Drouhin: Meilleur Ouvrier de France en 1958, il est le dernier représentant d'une famille qui recense quatre générations de MOF en coutellerie.
Bien qu'à la retraite, il n'a rien perdu de sa passion et continue d'oeuvrer à la renommée de la grande spécialité nogentaise à Nogent, en Haute-Marne.
Nogent, capitale de la coutellerie, comptait dans les années cinquante pas loin de 6 000 ouvriers et 150 inscrits au registre de la Chambre de métiers,
dans tout ce qui touche la coutellerie. On n'en compte plus que 10 % aujourd'-hui. Emile Drouhin est de ceux-là, toujours à la même place, dans le même
atelier. Pour Emile, c'est dans les gènes: dans la famille, on naît et s'éteint avec le couteau.
Le premier à s'être lancé dans 'l'aventure fut Emile Margaux (1855 - 1935), élu Meilleur Ouvrier de France dans la catégorie coutellerie en 1924.
Notre Emile Drouhin, né en 1930, s'est mis au travail à 14 ans! "Mon père m'a pris comme aide familial et nous avons travaillé ensemble! les commandes
arrivaient, on travaillait tous les deux. Il dessinait tout le temps des modèles. Il était très intelligent, assimilait tout de suite. Au début, on ne faisait presque
que des outils de manucure. Mais c'était toujours pareil, on avait plus de création et d'imagination dans les couteaux».
Emile prépare le concours pour devenir Meilleur Ouvrier de France, ce diplôme est un aboutissement dans la carrière d'un coutelier! il l'obtient en 1958
Aujourd'hui, Emile Drouhin continue l'aventure coûte que coûte, travaillant toujours pour des particuliers ou des clients en gros. C'est le cas du propriétaire
de la coutellerie Courty à Paris, qui diffuse ses modèles via Intemet, avec Hermès aussi!
Dans son atelier de Nogent, Emile fabrique à la demande. Les habitués viennent de Suisse, d'Italie, d'Angleterre ou du Japon pousser la porte. Des chasseurs
surtout, mais aussi de fervents collectionneurs. Le bouche à oreille fait le reste. Son savoir-faire est reconnu par tous et ses faits d'armes sont prestigieux:
ici un coupe-cigares qu'Hermès veut recouvert de cuir, là un modèle destiné à la maison Lorenzi à Milan, là encore pour la Couronne de Belgique.
Chaque pièce est unique, faite à la main, dessinée, pensée, polie, assemblée, taillée, affûtée... Il lui faut trois jours pour sortir un couteau rond, quinze jours
pour un plus compliqué. «C'est toujours dur de les voir partir, si cela ne tiendrait qu'à moi, je les garderais tous»
Emile a pris sa retraite à 60 ans. C'est sa fille Marie-Pierre qui a repris les rênes de l'entreprise familiale. Mais ce n'est pas une raison pour envisager de s'arrêter.
«tant qu'il y a la santé!»
Quelques réalisations