Ek Commando Knife est une compagnie américaine qui opère sur le segment ultra-spécialisé des couteaux de combats depuis 1941. Dans les familles de militaires américains, c'est le couteau typique qu'un père offre à son fils avant son premier départ sur un terrain étranger d'opération militaire.
Ce sont des couteaux pensés comme des armes de la dernière chance. Et leur conception est plus obsédée par sa qualité à porter des coup d'estoc que par le confort dans la main pour couper un morceau de saucisson. Pour cette raison, John Ek produit donc essentiellement des dagues mais un Bowie fait aussi partie de leur catalogue. C'est celui-ci que je présente ici dans sa livrée plaquettes en micarta et étui en cuir ; manche en paracorde, plaquettes en noisetier (splendides) et étui en nylon font parties des options disponibles.
Comme tous les couteaux John Ek, la lame du M5 est montée en plate semelle, pleine épaisseur et pleine largeur pour lui garantir une solidité maximale. Elle dépasse même des plaquettes pour former un pommeau qui sert à maintenir la lanière, protéger les plaquettes et la main lorsqu'on s'en sert d'outil contondant et d'ouvre-boîte à munitions. Il mesure 31,5 cm, pèse environ 360 g, 550 avec l'étui.
Sa lame est en acier inoxydable. Du HCS1415, un équivalent du 440 C, traité à 1065°C et trempé à -85°C pour une dureté 57-59 HRC. Le pouvoir de coupe est bon mais pas exceptionnel. Au dessus du 440 C de mon Entrek pourtant réputé bien traité mais en dessous d'un VG10 de Fallkniven. La géométrie de lame y est aussi pour quelque peu. Emouture concave, épaisseur de 0,47 cm au ricasso et forme Bowie n'optimisent pas forcément la coupe.
Ce que la lame de 17,4 cm ricasso inclus, large de 3,3 cm optimise c'est la fiabilité d'un couteau solide, qui tient le tranchant permet d'executer des tâches ponctuelles de camp (découpe de bois, de corde, d'aliments …) mais surtout de combat. Et ça, la forme si particulière du manche qu'elle reprend de celle des dagues qui ont fait la réputation de la marque le rappelle sans cesse à la main.
Sa section est carrée et présente 8 retraits pour être tenu comme l'est une épée en escrime. Cette forme singulière permet véritablement de planter un couteau avec force sans glisser. D'autant plus que sur les modèles contemporain, le grip des plaquettes est accentué par un motif inspirés des pneus des véhicules tous-terrains militaires. Les modèles 1 et 2, des dagues n'ont d'ailleurs pas de garde. Les puristes prendront l'option manche en noisetier pour retailler des détails à sa main.
Car ce qui est épatant sur ce couteau, c'est le sens aigu de sa conception. Avec une volonté constante d'amélioration depuis plus d'un demi siècle les couteaux John Ek répondent parfaitement à l'idée d'un couteau militaire dont la priorité est cette dernière arme qui n'a pas le droit de défaillir.
En dehors des série commémoratives qui participent au marketing patriotique de la marque, Ek ne multiplie pas les références au service de produit très au point, très « rustique ».
Les vis sont conçues pour pouvoir être facilement ôtées avec un outil improvisé pour son entretien ou le changement des plaquettes. Elles participent à la balance du couteau. La balance du couteau fait que celui-ci est senti dans la main plutôt qu'en dehors.
Alors même si les finitions ne sont pas exceptionnelles pour un couteau de cette classe là, (les lignes de changement de plan sur la lame ont tendance à zigzaguer, un léger décalage existe entre les plaquettes légèrement assymétriques et la semelle, j'ai demandé un contre-tranchant affûté, du coup la ligne de pointe tombe à côté) le sentiment d'avoir dans la main une évidence de la coutellerie américaine le fait vite oublier.
Le logo sur la lame, gravé à l'eau forte, porte le nom des six guerres où des militaires américains, d'ailleurs prioritaires dans l'achat de ces couteaux, ont portés des couteaux John Ek. Ils ne se sont pas trompés.
Enfin un mot sur l'étui en cuir. Il est fabriqué par Tex shoemaker & Son, un fabriquant réputé d'étuis en tout genre pour les forces de l'ordre (menottes, pistolet, radio, badge etc.). Il est épais, les coutures sont régulières, dispose d'oeillets en laiton sur les points réputés fragiles et surtout retient exceptionnellement bien le couteau. A se demander même l'utilité de la sangle à bouton pression. A noter que la paracorde utilisée est de la 650 lbs., histoire de faire mieux que la classique 550.
Pour d'autres informations en français, je signale un blog qui a parlé de ces couteaux que l'on ne voit pas beaucoup en france : http://pointu-et-tranchant.over-blog.co … 08745.html