Bien beaux couteaux sur toutes ces pages !
Des "collectors", des pièces uniques, des objets de bien belle qualité le plus souvent.
Des pliants qui font rêver et qui poussent à économiser.
Mais il y a aussi les obscurs, les "sans grade", ceux auxquels on inflige les pires traitements sans arrière pensée et qui remplissent leur office à la perfection.
Pas beaux, abimés, torturés, bricolés, ils n'en sont pas moins de fidèles compagnons, même si plutôt que de les sortir à la ville, on préfère les garder à la maison.
L'un des miens, c'est une vieille chose, une grossière imitation de Laguiole trouvée en déchetterie.
Plaquettes plastique en partie disparues, intercalaires en fer blanc (et rouillé), lame inox cassée au bout et moins affutée qu'un mauvais couteau à beurre, axe du tire bouchon cassé et donc ressort de lame inopérant... Même la mouche était allée voir ailleurs !
En déchetterie je vous dis.
C'était sa place.
Et pourtant.
Jeter un couteau, c'est toujours... enfin... Ne peut-on rien en tirer encore ?
Alors j'ai tout nettoyé, ré-affuté et retouché la lame au profil et aux courbes si prononcées qu'elle me faisait penser à un cimeterre, utilisé une peinture noire, de la colle, du cuir et un peu de ficelle, bien serré le tout.
Maintenant, ce couteau sert de nouveau. C'est même un de ceux que l'on attrape le plus volontiers quelle que soit l'utilisation, car on n'a pas peur de lui faire mal. De la cuisine au jardin, ce pliant devenu fixe n'offre que du bonheur.
Il refait partie du monde des couteaux et ne démérite pas.
N'en avez-vous pas, à côté de toutes vos beautés, de ces choses horribles et terriblement polyvalentes qui viendraient à nous manquer si elles disparaissaient ?