Le vrai problème des machettes, c'est qu'elles n'ont pas la rigidité nécessaire pour que l'énergie cinétique se "convertisse" efficacement en pouvoir de coupe, et que le profil de lame empire les choses. Le manque de rigidité, c'est simple à comprendre: au moment de l'impact avec du bois sec et dur, qui a tendance à arrêter net la lame (influence de l' "émouture" scandi très obtue => décélération très rapide), sauf que si le segment de lame "derrière" le point d'impact et autour peut effectivement transmettre son énergie cinétique directement dans la branche, le bout de lame est en quelque sorte en porte-à-faux, et comme en plus il est souvent évasé (donc plutôt "lourd") et que du fait du mouvement en arc de cercle décrit par la lame il a une plus grande vitesse, son énergie cinétique est assez importante. Nécessairement, cette force s'appliquant au bout d'un bras de levier, il y a sur la lame un effort de flexion dans le plan de la lame. Et c'est là qu'intervient le problème de rigidité: il y a comme un phénomène de flambage qui se produit coté tranchant, là où sous l'effet de l'effort de flexion se produit de la compression: la lame est trop fine par rapport à ce qu'elle est longue, et au lieu de bien sagement encaisser longitudinalement l'effort, elle flambe. Une fois le plus minime défaut d'alignement initié, toute la lame suit, elle vrille sur son axe longitudinal (suivant le sens de la longueur par rapport à la machette), et dans cette disposition l'énergie restante est dissipée en flexion latérale. Par élasticité la lame revient alors en place, mais toute l'énergie que transportait le bout de lame a été entièrement passée en flambage et en flexion.
Et quand la lame n'est pas suffisamment élastique, et l'objet à couper réellement très dur (décélération extrêmement rapide), ça donne ce qui arrive à ce katana dans cette vidéo (observez bien la courbure de la lame après impact):
https://www.youtube.com/watch?v=EVCWGwvctt4&feature=youtu.be&t=21m15sC'est la même déformation qui se produit avec une lame de machette quand la décélération est trop brutale (bois sec, émouture scandi), sauf qu'ensuite elle revient en place. La flexion longitudinale est plus ou moins marqué selon l'ampleur du porte-à-faux, la force du coups, l'angle d'attaque, etc, et peut éventuellement disparaitre entièrement (ou presque), si la lame a la liberté de pivoter simplement (c'est à dire que le manche tourne dans la main), et d'ensuite plier sur le coté, car c'est évidement dans ce sens là, que la machette a le plus tendance à se trouver (entre l'axe longitudinal de la lame et le tranchant il y a environ 3 à 4cm, entre cet axe et le plat il y a entre 1 et 1.5mm: laquelle des deux positions est la plus stable d'après vous?). C'est parce que la résistance de la machette est bien bien bien plus faible dans ce sens là que dans l'autre que la lame ne sera retrouvée que pliée sur le coté, si elle plie (une histoire de moment quadratique axial).
Le tranchant d'une machette n'est pas plus fragile que ça. C'est généralement du C75 trempé ressort, donc c'est plutôt costaud. Bon, après, ça peut être cramé à l'affûtage à la meule en usine, c'est même quelque chose qui doit être très courant. Le biseau faisant office d'émouture fait généralement quelques milimètres de haut, on est dans des angles au tranchant quasiment toujours supérieurs à 30° (et je suis gentil), parfois avec un biseau secondaire approchant presque l'angle droit (sorti d'usine). Evidement, si on est raisonnable on reprend au moins ce semblant d'émouture et on fait un tranchant digne de ce nom, mais le risque qu'un tranchant de machette industrielle foire à cause d'un tranchant trop fragile de par sa géométrie est très faible. Par un acier crâmé à l'affûtage, par contre...
Par contre, cette "émouture" très obtuse a tendance a provoquer une décélération beaucoup plus brutale que ne le ferait une FFG (qui pénètre plus facilement, et donc ralentit plus lentement): il faut moins de force pour faire pénétrer de la même profondeur une alène qu'un clou dans du bois. Avec une FFG, on offre une chance supplémentaire à la lame de pouvoir éviter la déformation latérale avec flambage précédemment expliquée. Il faut cependant veiller à faire le dos un peu plus épais pour conserver au moins la même rigidité. Ensuite, on peut modifier la forme de lame, pour qu'il y ait moins de poids vers la pointe (passer de la forme latine traditionnelle à un clip point ou drop point). Mais bon, là on commence à pas mal sortir de ce que les gens se représentent habituellement comme étant une machette.