
À chaque saison, une nouvelle série de Take no kami, voici donc la collection d’été.
Tous les higos ont été réalisés sur une période de 5 mois, entre des périodes de vrai travail, d’avril à août.
Il y en a un peu plus que dans la série précédente parce que j’en loupe un peu moins. Ça fait maintenant 1 an que j’ai posté les premiers.
J’ai toujours autant plaisir à les faire. Par ailleurs j’ai un métier assez intellectuel et par contraste, je trouve ça très reposant et enrichissant de faire quelque chose de ses mains. On travaille tout seul, sans avoir à expliquer quoique ce soit à personne et l’on oublie tout le reste. C’est assez addictif, je dois dire et je me vois mal m’en passer maintenant...
Plus je travaille le bambou plus j’aime ce matériau. J’en découvre toujours de nouvelles possibilités même si je pense que je le connais bien mieux maintenant. J’essaie d’établir un « dialogue » avec le morceau choisi, de lire dans sa structure la forme idéale que je pourrais donner au couteau, sans forcément savoir d’avance où je vais si ce n’est que parfois en en faisant un, j’entrevois une possibilité que je teste ensuite sur un suivant.
Pour ça, j’aime assez le travail par série et en avoir plusieurs en cours à des stades différents. Ainsi lorsqu’on travaille sur l’un parfois arrive une idée qu’on applique immédiatement à l’autre. La progression est plus immédiate.
Du point de vue technique ça n’a pas beaucoup varié.
Mes seuls outils motorisés sont deux dremels, l’une montée sur une petite colonne, l’autre à la main, et une perceuse à main également. Le reste c’est quelques outils à main, des limes et beaucoup de papier de carrosserie … C’est assez limité, mais je crois que c’est mieux pour apprendre.
Le matériau de base reste de la racine de bambou dont j’ai maintenant plusieurs variétés qui viennent de Chine. J’ai profité d’un voyage là-bas pour en ramener. J’utilise aussi quelques bouts collectés dans le jardin de mes parents l’année dernière.
La racine au départ est brute, je « l’épluche » pour mettre à nu le fibrage et la sculpter un peu en respectant ses particularités, puis je teinte et je finis ou avec de l’huile nordique si je veux du lustre et un peu de brillance, ou à l’huile de Tung pour une finition plus matte, un peu luisante.
Les pivots sont vissés et je mets des rondelles de téflon ou de bronze à l’intérieur.
J’utilise principalement des lames d’higonokami du commerce prélevées sur des Nagao ou des Miyamoto. Celles-ci sont polies puis révélées avec du perchlorure de fer ou du vinaigre, ou parfois passées au bleu d’arme ou les trois à la fois.
Je retouche aussi parfois les lentilles, les entablures et surtout les talons des lames.
Les numéros sont un peu dans le désordre. Parfois j’en reprends un après en avoir terminé quelques autres. Le chiffre me permet de savoir à combien j’en suis de réussis à mes yeux.
Mais arrêtons le blabla et passons aux photos.
Le thème c’est la mer et ses créatures étranges…
Les deux premiers ont un commun d’être munis tous les deux d’une lame de Motosuke Nagao de 70mm avec tranchant en aogami. Sur le 41 celle-ci est juste polie, sur le 42 elle est patinée à l’acide et au bleu d’arme.
Les manches sont totalement différents.
Le 41 est tout en rondeur, assez symétrique et compact, très agréable en main avec une sensation de galet. Il a aussi des traces de vers qui lui donne un peu de vécu.
Le 42 est plus baroque, tordu et asymétrique avec une forme en S très ergonomique avec un creux de bambou pour chaque doigt. Il offre en plus, une bonne prise en main pour couper vers soi.





