Après ce petit intermédiaire précolombien je continue ma petite série
Le forum est comme un iceberg, il y a la partie visible et ce qui se passe sous la surface. Le plus intéressant souvent n’est pas public et se trouve en marge. Il s’y passe toujours quelque chose et c’est ce que je j’aime sur NCZ, ce sentiment de petite communauté avec des liens qui se créent spontanément, uniquement sur l’envie et le plaisir de faire, comme cela s’est déjà produit pour moi avec Ben Cardoso, Véro, Olmo ou Stéphane Espi.
Alors quand Mick (alias l’Ours ici-bas) m’a contacté à la fin de l’été dernier en me demandant si cela m’intéresserais de monter des lames de lui, j’ai bien sur immédiatement dit oui, tout flatté que j’étais qu’un pro reconnu comme lui s’intéresse à mes petites choses. D’autant plus que les tutoriaux accessibles sur son site (comme ceux de Cardo d’ailleurs) m’ont grandement aidé à acquérir des rudiments de technique aux débuts de mes expériences coutelières.
Un peu plus tard, j’ai pu rencontrer l’homme au Sicac, on s’est entendu et le projet commun, un échange : il me faisait trois lames et je lui montais un higo, s’est concrétisé en décembre lorsque le facteur m’apporta trois jolies lames. Voilà un gars qui non seulement est très sympathique mais en plus tient parole. Je vous le dis d’expérience, il y a des gens en or qui traînent ici.
Deux des lames sont en 100CR6 et la troisième en damas carbone. Ce sont des lames plutôt grandes et je les ai monté sur des gros bambous de formes baroques et tourmentées ramenés de Chine cet été. Cela n’a pas été facile, comme je travaille uniquement à la Dremel ou à la main, les grandes tailles me posent plein de problèmes à cause des limites de mes outils. Un exemple : pour creuser la rainure j’utilise un petit disque qui fait seulement 1,5 cm de rayon ce qui est insuffisant pour aller au fond du manche. Je suis donc obligé de continuer plus profond avec des fraises et des rifloirs…
Bref, après un bon mois d’acharnement, je suis finalement arrivé à un résultat qui me plaise, non sans avoir gâché quelques bouts de bambou au passage.
Je remercie Mick pour cette collaboration qui j'espère se reproduira à l'avenir.
Voila, le mieux c'est encore de regarder les images
Le premier, le 89, avec donc une lame en 100cr6 de 96 mm que je n’ai pas retouchée, la finition est celle d’origine de son créateur.
C’est celui que Mick s’est choisi pour lui.
Comme c’est une grande lame, j’ai recherché le meilleur ratio de proportion avec le manche, la pointe de la lame fermée se logeant à quelques mm avant la fin du cul du couteau.
La deuxième lame, même nuance d’acier, fait 93 mm. Celle-là je l’avais d’abord entièrement montée avec un autre manche, j’avais fait les photos et tout et tout et puis il y a un truc qui me plaisait définitivement pas dans l’ajustement de la lentille. J’ai donc entièrement refait le couteau avec ce bout de bambou torturé qui donne une ergonomie assez étonnante. Je suis content de ne pas en être resté au premier essai.
Ayant un peu égratigné la partie brute de forge, je l’ai passée au perchlo et une jolie ligne de trempe est apparue. Mick me dit que comme il l’a trempé à main levée, il n’était pas très sûr du résultat et c’est pour ça qu’il ne l’a pas révélé lui-même. Perso je la trouve plutôt réussie.
Enfin pour la dernière, en damas carbone avec des strates organiques et géologiques comme je les aime, qui est un peu plus petite (85 mm), j’ai utilisé une autre espèce de racine de bambou, plus régulière et symétrique.
Je me suis juste permis de révéler un peu plus qu’à l’origine les couches du damas au perchlo.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui