Une fois n’est pas coutume, aussi, avec la permission d’Eric, je vais squatter son thread pour vous conter une histoire personnelle et vous montrer à quoi elle a abouti.
La plupart des personnes qui en font partie vous sont bien connues.
Merci à ceux d’entre vous qui auront la patience et la gentillesse de me lire avant d’aller voir les photos…
D’abord intervient Olmo qui, lors de ma visite chez lui, m’a mis dans les mains une superbe Pattada en corne faite par un jeune sarde qu’il soutient.
J’ai eu dans les mains comme un souvenir encore non identifié
Ensuite, parlant de choses et d’autres et alors que nous étions dans les souvenirs d’enfance Olmo m’a appris avoir été enfant de chœur dans une paroisse où officiait en tant que curé mon grand-oncle.
Une poignée de jours s’écoule et nous voila à Gembloux où, encore et toujours Olmo me guide dans le choix et l’achat d’une Pattada en corne : j’avais besoin d’en avoir une… Pourquoi ? Je n’en savais toujours rien.
Depuis, les souvenirs sont remontés à la surface…
Très brièvement, je vous confesserai avoir été un enfant battu et maltraité. (Peut-être est-ce de là, mon cher Této² que me vient cette propension à l’angélisme et mon entêtement à être « Peace and Love)
Il se trouve que le grand-oncle dont il est question ci plus haut, sachant ce qu’était mon ordinaire, fut le seul à me défendre et avait trouvé le moyen de me valoriser : J’étais le seul d’une très nombreuse famille étendue à qui il confiait –le plus souvent à voix forte devant tous- le soin d’aller dans son bureau, dans son tiroir personnel, chercher son petit couteau au manche de corne blonde.
Le gamin de 5 ans que j’étais, voyait ça comme une mission sacrée et un grand honneur et ça le réconfortait...
C’est de là, je crois, que je tiens mon amour des pliants…
Merci Roberto de m’avoir rendu une partie d’un passé occulté.
Nous en sommes donc arrivés à ma grande découverte : Je sais que j’aime la corne blonde et je sais pourquoi.
J’en parle donc à Eric et lui demande s’il peut me faire un couteau unique et précieux, avec un manche de corne blonde…et qui me relie à mon passé.
Vous connaissez Eric ? Il n’est pas que coutelier : il est ouvert, généreux et créatif.
Il est surtout, hors de toute considération coutelière, mon Ami.
Il avait une barre de wootz… Pas n’importe quel lequel : C'est un wootz à 2,2% de Carbone avec 0.5% de tungstène en guise d'élément carbidogène, une fabrication d’un Maître Forgeron que vous connaissez bien : Fabian Damanet !
Stéphane, dit Steph, un très bon ami d’Eric possédait une pointe de corne blonde.
A nouveau, pas n’importe quoi : de la corne de mérinos, une des plus solides et dure qui soit…et magnifique de surcroit
Il l’a remise à Eric…
Tout était presqu’en place.
A la demande d’Eric, je lui ai expliqué que je voulais un couteau au look ancien qui me relie à l’enfance, mais qui garderait « la patte Parmentier » pour m’ancrer dans mon présent.
Une lame sheepfoot, c’est celle que j’affectionne le plus, un manche adapté à mes difficultés de préhension et à mon handicap manuel.
J’ai remis aussi un petit montage photo (lame du Gayette, manche du Canoë, système du Crapaloux…) pour donner une idée de mon rêve, puis carte blanche au Magicien.
Je voulais un Miracle… Je l’ai eu !!!
MERCI à Eric, à Steph, à Fabian, à Olmo et à feu mon grand-oncle sans qui je n’aurais eu ce trésor !
Place maintenant aux photos, de la matière brute à l’œuvre aboutie…
Voici la genèse d’un couteau exceptionnel, né des mains d’un coutelier hors pair…qui a bien voulu mettre à l’œuvre tout son talent et consacrer près de 35 heures de travail pour réaliser mon rêve !
Les matériaux : Pointe de corne de mérinos et barreau de Wootz.

Première coupe

Futur manche

Patron

Report du patron

Dessin sur ébauchon

Découpe du manche

Bloc utile

Premier dégrossissage

Première évaluation

Mise en forme

Premier polissage

Face droite

Face gauche

En position sur le croquis

Fermé avec forme de lame en tôle

Ouvert avec forme de lame en tôle

Mise en forme grossière du Wootz

Traçage précis de la lame

Mise en forme de la lame


Création du talon



Deux vues d’ensemble (gauche et droite)


Pré émouture et position de travail





Fermé (gauche et droite)


Fabrication de la bélière

La bélière en T10Mo

Fabrication, perçage et taraudage du crapaud



Taraudage du culot

Bélière, culot et crapaud

Emouture gros grain (40)


Emouture gros grain (80)


Avant émouture grain moyen (120)

Emouture grain moyen (120)


Avant émouture grain fin (180)

Emouture grain fin (180)


Allumage du four

Pendant que le four chauffe, Eric marque la lame de son poinçon

LE poinçon célèbre

La lame est maintenue au collant double face, le temps de frapper mes initiales



Mise au four en pochettes séparées de bélière culot et crapaud

A la sortie du four, après trempage à l’air

Eric microbille crapaud, culot et bélière

Les garnitures sont prêtes à être mise en place

Perçage du manche pour fixer les garnitures et le crapaud



Le crapaud est en place

Matage de l'axe de bélière

Pré assemblage (gauche et droit), les ajustages ont été faits


D’ici ma prochaine visite à l’atelier, Eric va tremper le lame (ça, vous connaissez), révéler le dessin du Wootz (petit secret de cuisine) assembler définitivement et affûter
Dimanche, lorsqu’elles auront pu être faites, des photos générales du couteau et de ses détails seront postées dans ce thread et dans « Votre collection personnelle / Les trésors de Crazy Fox »
Lorsqu’elles seront postées, je laisse à Doud le choix de celle(s) qu’il mettra dans la galerie d’Eric
En espérant vous avoir intéressé plus que lassé, je m’en retourne jouer avec « Joseph » (C'est le prénom de mon grand oncle que j'ai donné à ce coteau)
@+