Après avoir exploré précédemment les tenants et les aboutissants de cette merveilleuse matière qu’est le bois de cerf, je vous propose d’ouvrir la Doctrine au chapitre « Corne, pointe de Corne et Corne Fakes ».
Pourquoi tant de bruit autour de ce matériau ?
A l’heure des néo-bio-régionalismes qui envahissent à plein régime le monde de la coutellerie, il convient peut-être de faire quelques rappels.
La corne, cette matière naturelle, abondante dans les contrées à forte tradition d’élevage, s’est imposée depuis l’antiquité car elle cumule plusieurs avantages :
- faible coût, car co-produit de l’exploitation du bétail
- facilité de façonnage et de formage
- le polissage lui donne un état de surface idéalement adapté à sa translucidité
- teintes et des motifs agréables à l’œil
- texture chaude et lisse propice à la tenue en main.
On en a fait des couverts, des cornes à boire, des cornes à poudre, des peignes, de la marqueterie, des montures de lunettes, etc. …
Tout cela bien sûr pour rester pragmatique, car bien entendu, de nos jours, la matière plastique est bien meilleur marché et résiste mieux à l’eau, et question textures et motifs, n’a plus grand’chose à envier à la corne.
Mais alors, qu’est-ce qui fait qu’encore aujourd’hui on assiste à la persistance de l’engouement pour cette matière, que nous appellerons l’effet Pop-Corne (non pas la musique électronique qui a fait le tour du monde mais comme référence à la popularité de la corne) ?
Ah, j’entends au premier rang des intellos qui me sortent les sornettes conservato-régresso-nostalgiques ; terroir … savoir-faire ancestral …prestige de l’animal … bla-bla-bla … blah …
Que nenni !
Abordons une fois de plus cet aspect obscur de la personnalité du lamescoolique : que nous disent les comportementalistes ?
Dans l’inconscient lamescoolique, au plus profond du cerveau reptilien, la corne a une symbolique très puissante.
Ah !, la symbolique !! Je vous entends lever les yeux au plafond, surtout ceux au fond, là !!
Eh bien oui, la symbolique, parfaitement :
La corne a le sens d'éminence, d'élévation. Les guerriers de divers pays ont porté des casques à cornes. Elevées au-dessus de la tête, les cornes sont l'insigne du pouvoir et de la lumière.
Les cornes de bélier sont de caractère solaire, les cornes de taureau sont de caractère lunaire. Les cornes des bovidés sont l'emblème de la Magna Mater divine. Elles symbolisent la majesté et les bienfaits du pouvoir royal. En Egypte, les cornes de bélier de la coiffure sacrée d'Osiris, l'Atew, rappellent l'ardeur procréatrice. Le soldat romain victorieux ajoute un corniculum à son casque.
Cerise sur le gâteau, la corne est bien entendu aussi un symbole de la puissance virile. Elle a le symbolisme de la puissance, de la suprématie sur un harem ; en argot italien, le pénis s'appelle "corno".
Quoi de plus adapté, dès lors, à un manche de couteau, à la connotation si évidente et si fréquemment raillée sur ce forum en particulier ?
Comme le pouvoir, la suprématie, la corne ne reste belle que si l’on en prend soin : pas trop chaud, pas trop froid, pas trop d’eau, polir régulièrement pour entretenir son brillant, son prestige, tenir à l'écart des mites …
Bref, la corne, ça se mérite ! et c’est pour ça qu’on l’aime !!