Le couteau dans la littérature

Anecdote, histoire avec un grand H...Mais aussi des couteaux originaux et des pièces de collections.

Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar nicoals » 16 Oct 2021 09:21

Vach'te. Y a du niveau.
Oui c'est Saint-John Perse. Amers pour le premier extrait, Anabase, pour le second.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar philzgood » 16 Oct 2021 10:30

Un peu de gaieté :
Le frère de la sangsue marchait à pas lents dans la forêt. Il s’arrête à plusieurs reprises, en ouvrant la bouche pour parler. Mais, chaque fois, sa gorge se resserre, et refoule en arrière l’effort avorté. Enfin, il s’écrie : « Homme, lorsque tu rencontres un chien mort retourné, appuyé contre une écluse qui l’empêche de partir, n’aille pas, comme les autres, prendre avec ta main, les vers qui sortent de son ventre gonflé, les considérer avec étonnement, ouvrir un couteau, puis en dépecer un grand nombre, en te disant que, toi aussi, tu ne seras pas plus que ce chien.
On ne se débarrassera jamais des égoïsmes, et par conséquent le sort des hommes ne s'améliorera jamais
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar Alexdeden » 16 Oct 2021 10:55

nicoals a écrit:Vach'te. Y a du niveau.
Oui c'est Saint-John Perse. Amers pour le premier extrait, Anabase, pour le second.


Je ne l'ai pas lu mais c'est le prix Nobel de littérature qui m'a semblé le plus concerné.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar Alexdeden » 16 Oct 2021 10:57

philzgood a écrit:Un peu de gaieté :
Le frère de la sangsue marchait à pas lents dans la forêt. Il s’arrête à plusieurs reprises, en ouvrant la bouche pour parler. Mais, chaque fois, sa gorge se resserre, et refoule en arrière l’effort avorté. Enfin, il s’écrie : « Homme, lorsque tu rencontres un chien mort retourné, appuyé contre une écluse qui l’empêche de partir, n’aille pas, comme les autres, prendre avec ta main, les vers qui sortent de son ventre gonflé, les considérer avec étonnement, ouvrir un couteau, puis en dépecer un grand nombre, en te disant que, toi aussi, tu ne seras pas plus que ce chien.


Perché comme ça, je verrais bien Lautréamont, ça va bien avec le délire sur la requine qui a un passage couteau aussi si je me souviens bien.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar philzgood » 16 Oct 2021 11:14

Oui, c'est bien le petit Ducasse !
Bravo !
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar Alexdeden » 16 Oct 2021 11:21

Par plaisir je mets le passage de la femelle du requin :

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Debout sur le rocher, pendant que l’ouragan fouettait mes cheveux et mon manteau, j’épiais dans l’extase cette force de la tempête, s’acharnant sur un navire, sous un ciel sans étoiles. Je suivis, dans une attitude triomphante, toutes les péripéties de ce drame, depuis l’instant où le vaisseau jeta ses ancres, jusqu’au moment où il s’engloutit, habit fatal qui entraîna, dans les boyaux de la mer, ceux qui s’en étaient revêtus comme d’un manteau. Mais, l’instant s’approchait, où j’allais, moi-même, me mêler comme acteur à ces scènes de la nature bouleversée. Quand la place où le vaisseau avait soutenu le combat montra clairement que celui-ci avait été passer le reste de ses jours au rez-de-chaussée de la mer, alors, ceux qui avaient été emportés avec les flots reparurent en partie à la surface. Ils se prirent à bras-le-corps, deux par deux, trois par trois; c’était le moyen de ne pas sauver leur vie; car, leurs mouvements devenaient embarrassés, et ils coulaient bas comme des cruches percées… Quelle est l'armée de monstres marins qui fend les flots avec vitesse ? Ils sont six ; leurs nageoires sont vigoureuses, et s’ouvrent un passage, à travers les vagues soulevées. De tous ces êtres humains, qui remuent les quatre membres dans ce continent peu ferme, les requins ne font bientôt plus qu’une omelette sans œufs, et se la partagent, selon la loi du plus fort. Le sang se mêle aux eaux, et les eaux se mêlent au sang. Leurs yeux féroces éclairent la scène du carnage… Mais, quel est encore ce tumulte des eaux, là-bas, à l’horizon. On dirait une trombe qui s’approche. Quels coups de rame ! J’aperçois ce que c’est. Une énorme femelle de requin vient prendre part au pâté de foie de canard, et manger du bouilli froid. Elle est furieuse, car, elle arrive affamée. Une lutte s’engage entre elle et les requins, pour se disputer les quelques membres palpitants qui flottent par-ci, par là, sans rien dire, sur la surface de crème rouge. À droite, à gauche, elle lance des coups de dents qui engendrent des blessures mortelles. Mais, trois requins vivants l’entourent encore, et elle est obligée de tourner en tous sens, pour déjouer leurs manœuvres. Avec une émotion croissante, inconnue jusqu’alors, le spectateur, placé sur le rivage, suit cette bataille navale d’un nouveau genre. Il a les yeux fixés sur cette courageuse femelle de requin, aux dents si fortes. Il n’hésite plus, il épaule son fusil, et, avec son adresse habituelle, il loge sa deuxième balle dans l’ouïe d’un des requins, au moment où il se montrait au-dessus d’une vague. Restent deux requins qui n’en témoignent qu’un acharnement plus grand. Du haut du rocher, l’homme à la salive saumâtre, se jette à la mer, et nage vers le tapis agréablement coloré, en tenant à la main ce couteau d’acier qui ne l’abandonne jamais. Désormais, chaque requin a affaire à un ennemi. Il s’avance vers son adversaire fatigué, et, prenant son temps, lui enfonce dans le ventre sa lame aiguë. La citadelle mobile se débarrasse facilement du dernier adversaire… Se trouvent en présence le nageur et la femelle du requin, sauvée par lui. Il se regardèrent entre les yeux pendant quelques minutes; et chacun s’étonna de trouver tant de férocité dans les regards de l’autre. Ils tournent en rond en nageant, ne se perdent pas de vue, et se disent à part soi : “Je me suis trompé jusqu’ici; en voilà un qui est plus méchant.” Alors, d’un commun accord, entre deux eaux, ils glissèrent l’un vers l’autre, avec une admiration mutuelle, la femelle de requin écartant l’eau de ses nageoires, Maldoror battant l’onde avec ses bras; et retinrent leur souffle, dans une vénération profonde, chacun désireux de contempler, pour la première fois, son portrait vivant. Arrivés à trois mètres de distance, sans faire aucun effort, ils tombèrent brusquement l’un contre l’autre, comme deux aimants, et s’embrassèrent avec dignité et reconnaissance, dans une étreinte aussi tendre que celle d’un frère ou d’une sœur. Les désirs charnels suivirent de près cette démonstration d’amitié. Deux cuisses nerveuses se collèrent étroitement à la peau visqueuse du monstre, comme deux sangsues; et, les bras et les nageoires entrelacés autour du corps de l’objet aimé qu’ils entouraient avec amour, tandis que leurs gorges et leurs poitrines ne faisaient bientôt plus qu’une masse glauque aux exhalaisons de goémon; au milieu de la tempête qui continuait de sévir; à la lueur des éclairs; ayant pour lit d’hyménée la vague écumeuse, emportés par un courant sous-marin comme dans un berceau, et roulant, sur eux-mêmes, vers les profondeurs inconnues de l’abîme, ils se réunirent dans un accouplement long, chaste et hideux !… Enfin, je venais de trouver quelqu’un qui me ressemblât !… Désormais, je n’étais plus seul dans la vie ! Elle avait les mêmes idées que moi !… J’étais en face de mon premier amour !


Les chants de Maldoror, Lautréamont

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C'est pas endormi comme texte !
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar rosalux » 16 Oct 2021 11:47

Fatche ! Ça veut dire que rien que là, on est au moins trois à aimer Isidore ?
Je vais me remettre à croire en l'humanité, si ça continue. :czn:
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar nicoals » 17 Oct 2021 08:39

Non : quatre.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar Rouge » 17 Oct 2021 15:47

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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar AL 1 » 17 Oct 2021 16:30

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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar stephane_ » 17 Oct 2021 16:36

stancaiman a écrit:ça c'est les 7 boules de cristal - si c'est un ed originale c'est 48


Mais dans ce cas précis, vu le faible jaunissement des pages, je pencherais plutôt pour la seconde moitié des années 60
Yep !
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar stancaiman » 17 Oct 2021 18:22

ça dépend comment c'est conservé
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar nicoals » 19 Oct 2021 07:37

Pioche! enjoignait la virole.
Saigne! répétait le couteau.
Et l'on m'arrachait la mémoire,
On martyrisait mon chaos.

Ceux qui m'avaient aimé,

Puis détesté, puis oublié.

Se penchaient à nouveau sur moi.

Certains pleuraient, d'autres étaient contents.

Soeur froide, herbe de l'hiver.
En marchant, je t'ai vue grandir.
Plus haute que mes ennemis,
Plus verte que mes souvenirs.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar rosalux » 19 Oct 2021 11:12

il ne serait pas question de virole, j'aurais dit Maïakowski.
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Re: Le couteau dans la littérature

Messagepar you » 19 Oct 2021 11:24

René Arretton.

Mais je ne connais pas le titre du poème en question, ni celui du recueil.
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