Le couteau tonneau, dit « de morutier » est fabriqué à la main par Jean-Michel Remaud, coutelier français dont c’est la spécialité. Grâce à Mr Remaud, ce système vieux du début du 19e siècle, renaît de nos jours dans le plus grand respect de la tradition.
L’histoire du tonneau est aussi vieille que celle des campagnes de pêche en Islande, immortalisées par le livre de Pierre Loti « Pêcheurs d’Islande ». Durant leur court temps libre, en attendant les bancs de morues à bord de leurs chalutiers longtemps partis dans les lointaines mers glacées, les pêcheurs suédois (et bretons, par échanges) avaient l’habitude de sculpter des morceaux de bouleau. Afin d’abord d’élaborer des jouets pour leurs enfants, mais surtout d’en faire des manches de couteaux. Et oui, leurs canifs servaient à faire des canifs !
Les parties métalliques ; lame, anneau et insert, étaient faites par le forgeron du village. C’est celui-ci qui ajustait les différentes pièces sur le manche taillé par le pêcheur. Par la suite les couteliers les ont fabriqué de A à Z. L’invention date de 1874, par Jakob Walfrid Engström. Une forte tradition unissait le tonneau aux artisans suédois à cette époque. Et c’est justement une grande dame suédoise, Madame Kindal, de la Coutellerie Kindal à Paris, qui a fait le lien entre Monsieur Remaud et les couteaux tonneaux. Le premier était amoureux du système et voulait le produire artisanalement chez nous, la seconde voulait faire connaître le modèle et encourager sa production. Belle collaboration, au vu de la qualité obtenue.
Il est impensable de savoir tout ce que Madame Kindal a pu faire pour la coutellerie, en général. Celle-ci, véritable baroudeuse, fût une pionnière dans son domaine. Dans les années 60, elle n’hésitait pas à traverser l’Atlantique et s’absenter de longues semaines pour aller à la rencontre des futurs géants de la coutellerie tels Bill Moran, Bob Loveless ou encore Bill Scagell, pour ne citer qu’eux, et ramener des customs pour les faire découvrir aux clients de sa boutique.
Pour le tonneau de nombreuses essences de bois et de matériaux précieux sont disponibles. Mon choix s’est porté sur un modèle en if, aux nombreuses veines et aux reflets dorés. Détaillons à présent le mécanisme : un manche creux à la forme oblongue , doux et ergonomique, dispose de deux mitres en laiton avec une fente à chaque extrémité. En position fermée, un anneau de bélière dépasse à la base avec juste au dessus une petite lamelle de métal proéminente. C’est celle-ci qu’il faut pincer, puis tirer en arrière pour extraire la lame. Celle-ci, en acier 12C27 polie miroir, est prise dans une bande de laiton très plate, en forme de U, dans laquelle elle pivote jusqu’à la butée (petit téton proéminent). L’ensemble, ouvert, vient alors se reloger dans le manche assurant à l’ensemble un blocage efficace.
Un guillochage esthétique est présent sur le dessus de la lame et à sa base, visible en position ouverte et fermée. Petite remarque : le dessus de la lame présente des traces de découpe peu gracieuses qui méritaient d’être éliminées par un meilleur polissage. Opération bénigne vu le prix du couteau. Dommage.
Il est à noter que Jean-Michel Remaud est également le créateur du « couteau du charentais », un tonneau avec une lame courte supplémentaire pour ouvrir les huitres, et du « secret » un système inspiré du célèbre tonneau tchèque (dit le Tcheko, ou encore Frenix Original pocket dagger).
Photos à suivre...