Et me revoilà, parce que l'automne c'est la saison de la serpe. Ou peut-être pas, mais en tout cas j'ai fait quelques achats dernièrement.
(Bon, la serpe ça coûte que dalle donc ça va.)
Acheté à un brave Isérois un lot de deux serpes, qui comme ça ne payent pas trop de mine, mais qui, vu leur forme peu courante et leur prix bas, avaient attiré mon attention.
"Oh, mais dis-donc, qu'est-ce que tu vas faire avec ces saletés ?"
Eh bien, après m'être assuré que malgré leur tronche elles étaient en bon état (bref, rouille superficielle et beaucoup, beaucoup de poussière), je me suis dit qu'on pourrait les nettoyer un bon coup.
Chose inhabituelle, les serpes portent des écrits à la peinture : celle du haut porte un chiffre (peut-être 116, ou 110 ?), celle du bas, toute l'histoire de sa vie. Je commence par celle du haut, ici après nettoyage.
Il s'agit d'une serpe type "Serpe de l'Indre", qui a une forme très voisine de la fameuse serpe de Cholet du papy (dos penché vers l'arrière, bec très long), mais avec une lame carrément plus petite (26cm) et un manche carrément long (presque 21cm) qui doit permettre de gagner de l'allonge ou de s'en servir à deux mains. Le manche est maté sur une rondelle, enfin était, car la rondelle a pas tenu :
Pas de marquage reconnaissable. Le seul qu'il y ait est très difficilement lisible, il s'agit d'une sorte de soleil ou d'étoile constitué d'un cercle entouré de petits traits.
Malgré sa lame relativement courte, elle est plus lourde que celle de mon grand-père avec 860g. La lame est en effet bien épaisse avec assez peu de distal taper, ce qui donne une pièce assez mastoc :
Elle a pas mal souffert, le manche a été grignoté par les insectes (mais heureusement reste entier et visiblement encore bien solide) et le tranchant est carrément aplati/maté par endroit. Je suppute quelques abus pas très gentils.
En tout cas, une belle pièce que j'étais curieux d'avoir entre les mains, vu sa silhouette peu courante.
Ensuite, on passe à celle qui m'a fait sortir les billets (enfin les pièces) : une serpe "de Chaumont" très caractéristique, qui ressemble extrêmement fortement à celles de mon père et d'amis de la famille dont j'ai parlé plus tôt.
Elle porte de nombreuses inscriptions de chaque côté, difficilement déchiffrables au début mais plus faciles à lire en cours de décrassage :
(Pour les sous-titres :
Garnier Commercy 13-5-39)
Je voyais qu'il y avait un marquage assez dur à lire sous la rouille, mais en voyant "Poulangy" je me suis dit qu'il devait s'agir du même taillandier que celui des deux serpes précédemment cité, Michelin Sauvage Sr à Poulangy. Bingo :
Après :
On voit rien mais moi je vois
Malgré ces écritures pas très gracieuses, la serpe est en meilleur état que l'autre. Le manche n'a pas été bouffé, il est très costaud ; le montage a été géré avec soin.
Comme les deux autres chez les parents/amis à Chaumont, elle a une lame très fine (on varie de 5 à 3mm) qui a un tranchant en bonne condition. La serpe s'en trouve vraiment légère, moins de 640g malgré la lame de 26,5cm, soit plus de 200g de moins que l'autre...
Je sais pas trop ce qui a fait voyager cette serpe de Poulangy à Commercy puis finalement en Isère, mais en tout cas, malgré ces marques un peu chelou sur la lame suite à son peinturlurage, je suis content d'avoir pu mettre la main dessus, elle est trop koule