Revue Chan Chi Kee (CCK ) KF1302 – couperet chinois ou « Sangdao » ou « caidao »
Ça y est, j’ai craqué. C’est malin de lancer des sujets comme ça, BetterCallSal.
Présentation de la bête, made in Hong Kong :
Le poids de l’engin est de 375 g. Vu la taille, ça reste léger et avec un poids clairement vers l’avant, c’est très adapté pour faire tchak tchak tchak tchak tchak longtemps, sans fatigue et sans tendinite.
Sa lame mesure environ 9,5 x 21,5 cm. Elle est bien rigide et présente un tranchant juste légèrement courbé, ce qui est plutôt une bonne option. Elle permet notamment de ciseler les herbes avec un mouvement de balancier sans pour autant affecter les performances des autres techniques de coupe. Aussi, elle évite de coincer la lame dans la planche trop facilement. Pour l’affûtage, il faudra en revanche être plus méticuleux avec le geste latéral classique que pour les couperets aux tranchants droits qui permettent un geste rare d’avant en arrière. Ceci dit, si cette technique est probablement bien rigolote, elle nécessite de réaplanir trop souvent ses pierres pour être satisfaisante à terme.
L’épaisseur du dos de la lame, qui sans être poli est doux, commence à 2,8mm côté manche, passe rapidement en son milieu sous la barre des 2 mm pour finir à 1,4 mm en son bout. Soit des valeurs idéales pour la découpe des légumes et des fruits.
Le plat de la lame est tiré en long.
L’émouture est symétrique. Ce n’est pas la plus réussie du monde, elle est un peu grossière mais on voit bien pire sur bien plus cher. Les transitions entre la partie au fini « brut de forge », assez jolie par ailleurs, celle ou celui-ci est ôté et l’émouture tirée en large sont indétectables au toucher. En sa fin, l’émouture présente un petit « taillant » pas épatant mais réalisé correctement ; c’est-à-dire pas complètement symétrique mais réalisé tout du long, l’essentiel quoi.
Les angles sont nets, en particulier celui proche de la main. Bien utile pour certaines opérations comme préparer la pulpe d’un demi-citron à l’extraction de son jus.
Dans la lame, quelques légères anfractuosités et une ligne de chiffres arabes et de caractères chinois participe au charme de l’objet.
En somme, des finitions qui ne sont pas « dégueulasses » mais « brutes » ; ce qui n’a rien à voir mais écartera les chichiteux qui ne jurent que par le poli-miroir.
Le manche est court, 8,5 cm, juste la largeur de la paume de ma main. Son bois est une énigme. Il est prolongé d’une virole de 2 cm. En main, sa forme épaisse en « tonneau », de 3 cm en son centre, est parfaite avec quelques rainures et une « finition » non-vernie qui ajoute du grip. Un fin cercle de colle côté lame et une méthode d’emmanchement rudimentaire finissent de signer le caractère utilitaire de l’objet.
Sorti de boîte, enfin sorti du paquet chinois fait de papier bulle, papier glacé, papier journal, papier machine et de beaucoup de scotch, le test de la feuille coupée est passé haut la main. Celui de la tomate, non (Tu poses une tomate sur une planche, tu la coupe en tranches horizontales. Si elle ne bouge pas, c’est réussi). Un affûtage ad-hoc améliore substantiellement ses déjà bonnes performances mais l’on n’atteint pas les performances d’un Takeda. Ce qui est d’ailleurs rassurant pour les acheteurs des seconds. Son acier s’affûte facilement. Après je n’a pas encore assez de recul pour me prononcer sur son maintient dans le temps.
Au fait, je rappelle, pour ceux qui auraient pris l’article en cours, que, comme les Usuba et autres Nakiri, non, ce n’est pas une feuille de boucher. Pour casser les pattes de votre poulet ou séparer vos côtelettes d’agneau, c’est une très, très mauvaise idée.
Hacher, découper, ciseler, fendre, dégermer, trancher, raser, tailler, écraser sont en revanche dans ses cordes et surtout émincer.
Ça, il le réalise à merveille car la largeur exceptionnelle de ce couteau permet de la guider avec les doigts sans que la lame n’en décolle jamais et sa formulation au carbone permet d’accéder à un très bon pouvoir de coupe à prix chinois.
Enfin, on se servira avec joie de sa large surface au bout plat pour débarrasser sa planche de ses découpes.
Voilà, dans les points négatifs, on retiendra que la lame peut rouiller si l’on a pas le réflexe d’essuyer son couteau après usage et lavage, que son encombrement n’est pas négligeable et nécessite une planche de dimensions sérieuses et de la place de rangement.
Dans les points positifs, on retiendra la facilité d’affûtage, la joie d’utilisation, l’originalité de l’objet, sa versatilité et surtout son prix qui en font un objet bien attirant si tant est que l’on est pas trop regardant sur les finitions et plutôt sous le charme de sa rustique authenticité utilitaire.