par Roland L » 06 Mar 2021 22:54
Désolé de sortir la pelleteuse mais je suis tombé sur ce fil où j'ai été cité.
Pour expliquer la logique des prix des entreprises comme Perceval, Manu Laplace, la mienne ou d'autres, il y a une histoire de coeff bien sûr mais aussi le fait que la marge bénéficiaire est calculée pour un prix de vente aux professionnels, donc déjà remisé (sinon quelqu'un ne gagnera rien entre le fabricant ou le détaillant).
Pour faire une règle de calcul simple, on prend :
- le prix de revient (R&D étalée sur un certain nombre de couteaux ou d'années, coût matière, coût sous-traitance, coût main d'œuvre, packaging, consommables et faux frais tels que l'énergie, le comptable, le loyer...)
- on multiplie le prix de revient par deux pour obtenir le prix de vente pro Hors Taxe. Donc si le couteau à coûté 50€ HT à produire tout compris, il sera vendu 100€ HT au détaillant (ceux qui achètent encore leur stock).
- Le détaillant appliquera à son tour la marge bénéficiaire sur ce prix d'achat. En général, c'est un coef de 2 ou de 2.2, qui permettra d'encaisser le choc du loyer (cher dans les centres-ville), du stock qui dort, des salaires des vendeurs, de la TVA, des faux frais également...
Donc un couteau qui a couté en tout 50 balles HT à fabriquer se retrouvera avec un prix public de 200 ou 220 balles.
Donc en théorie, pour son chiffre d'affaire le plus courant, le fabricant aura fait une marge nette de 50 ballles, et le détaillants, une fois tous ses frais et la TVA déduis, entre 40 et 60 balles ('sil vend beaucoup ou pas). Si le fabricant vend en direct sur son site web, il devra, par loyauté pour ses clients détaillants, s'aligner sur leur prix de vente. Dans ce cas il fera une bien meilleure marge mais les ventes directes représentent en temps normal un pouillème du chiffre d'affaire pro.
Dans le cas du damas, dans une barre qui coûte environ 120 bales HT où l'on va faire 7 ou 8 lames, que l'on devra polir miroir avant la révélation, ça fait un peu plus de coût matière et environ 10 à 15% de temps de travail en plus, pas loin de 25 balles nets de surcoût en somme pour un damas indus de base. ce qui passé à la moulinette des coef et des marges des différents intervenants fait plus de 100 balles à la fin sur le prix de vente public.
De mon expérience, il n'y a pas vraiment grand monde qui s'enrichisse dans le métier, il y a même plutôt pas mal de monde qui se brade et/ou qui galère. Je ne parle pas des gros indus qui délocalisent, bien sûr.
Après moi je m'en fous, je ne fais plus de damas. Des boutiques m'ont demandé d'en faire mais j'ai beau chercher, je ne vois pas le rapport avec le style sur lequel je bosse.