AL 1 a écrit:c'est peut être le coupe chou avec lequel il s'est tranché l'oreille !
(analyse ADN, lettre de Gauguin)
L'analyse ne vaut rien si un comité "officiel" ne met pas un coup de tampon qui décrète que c'est vraiment l'écriture de Gauguin. Et les comités de ce genre, il y en a de sérieux, mais il y en a aussi beaucoup qui seraient dignes de figurer dans un chapitre de la Recherche du Temps Perdu! Souvent, même de nos jours, ils ne s'appuient pas sur des expertises scientifiques. On y trouve des gens qui sont là parce qu'ils sont le fils de tel expert ayant établi le catalogue raisonné de l'artiste 50 ans plus tôt, l'arrière-petite-fille de la troisième maîtresse reconnue du peintre, une connaissance d'un milliardaire qui en a un stock chez lui, un directeur de musée nommé jadis par intrigue puis recasé là lors d'une alternance politique... Les conflits d'intérêt sont fréquents, autant que les querelles d'ego, chacun se croyant un œil superspicace (pas mal, mon mot-valise, là, non?). On en voit rejeter des tableaux magnifiques à l'authenticité quasi prouvée, comme le Monet de David Joël refusé par Wildenstein (ils ont d'ailleurs perdu pas mal de crédit sur ce coup-là). Et on voit aussi l'inverse : des gars qui ont un melon gros comme un gazomètre et qui déclarent avec un regard tombant et un ton blasé que "La signature est bonne" devant une croûte indéfendable.
Soyons franc, il n'y a pratiquement aucune chance pour que ces mots soient vraiment de la plume de Gauguin et le CC vraiment celui de Vincent. Sur la période de la fin XIXe aux années 1950, entre un tiers et la moitié des œuvres exposées et circulant sur le marché de l'art sont fausses. L'écriture ressemble à celle de Gauguin dans certaines lettres, le papier est indiscutablement ancien (ça c'est mon taf, je sais reconnaître), l'encre me paraît déjà plus suspecte. Le CC, je vous laisse juges.
Mais bon, je le garde, comme j'ai gardé quelques tickets de loto jamais vérifiés : ils restent éternellement des gagnants possibles. Ça a carrément un parfum d'aventure. Plus le côté fétichiste rigolo: se raser avec le coupe-chou de Van Gogh, c'est le kif, non?