pour les saloperies qui pendaient de partout, je peux te dire qu'en fouille, on en trouve des paquets à partir des niveaux 13e justement, et je parle de trucs bien datés
tiens, une repro d'une céramique typiquement 13e et c'est pas la pire:

Bedreskungs a écrit:Ah oui, ça je veux bien voir !
Madnumforce a écrit:Je ne rejette pas en bloc toutes les théories de Roland, mais il a une assurance à les proclamer qui est mauvais signe. Et lui parlait bien des cocked hat pommels, c'est à dire des Gelbig type 13-II et 19, ou Oakeshott types C et D, qui sont beaucoup plus ramassés que le pommeau du fauchon de Milan que tu as mis en exemple: à peine la moitié de la hauteur, formant des "surfaces" beaucoup plus proches de la perpendiculaire, ce qui impliquerait de carrément casser le poignet. C'est ça qui rend la thése absurde. Dans le cas du fauchon de Milan, c'est concevable, surtout que la fusée est un peu longue et qu'employer le pommeau comme une poignée donne alors un avantage de levier qui commencerai à se sentir.
Sur l'Invalides, je ne prétends pas non plus que cette forme de lame ne confère aucun avantage dans le bind, mais que ce n'est pas ça qui est à l'origine de cette forme. Ca permet tout un tas de trucs, comme aussi pousser sur un bord de bouclier, etc, mais ce sont des effets secondaires avantageux.
La courbure de la lame que tu as mis en lien n'est pas obtenue à la chauffe, mais à la trempe, c'est que l'austénite en se transformant en martensite change d'organisation cristaline, et forme une maille plus volumineuse. C'est un peu à ça que les katanas doivent leur courbure, sachant justement que le dos de lame est protégé par un gangue réfractaire pour refroidir plus lentement que le tranchant. Le centre de la section de la lame, refroidissant le plus lentement, se comporte comme la fibre neutre d'une poutrelle, tandis que les surfaces extérieures, se refroidissant plus rapidement, se dilatent. Dans le cas du katanas, le dos se refroidissant plus lentement, c'est le tranchant qui emporte le bras de fer, mais dans le cas du fauchon, comme le dos présente plus de surface/volume, c'est lui qui l'emporte sur le tranchant, provoquant cette courbure vers l'avant, à l'inverse du katana. Mais sans analyse metallographique des lames, il est impossible de se prononcer, parce que déjà il n'est même pas dit qu'elles soient réellement trempées, et qu'ensuite on peut tout aussi bien faire des chauffes partielles qui annulent ces effets. Le métal garde la mémoire de ces chauffes et refroidissements, mais il est impossible de le dire à l'oeil nu.
Pour ce qui est des pommeaux de traviole, c'était un type appelé Nils Anderssen qui avait fait remarqué ça sur FB, et Roland a du le voir par la suite. Le gars l'avait constaté en parcourant des photos publiées par la Wallace Collection, qu'il avait reposté. J'avais trouvé le sujet intéressant, et avais compilé les photos et fait une analyse statistique de l'échantillon:
[…]
Pour le coup, je ne sais pas si c'est une volonté ou un accident. En tout cas, il semble peu probable que ce soit purement aléatoire: il y a bien une cause à ce phénomène, même si cette cause est accidentelle.
J'ai fais un petit paragraphe en apologie de Viollet-le-Duc, qui en réalité est un génie ignoré voire méprisé de l'histoire française, mais j'ai réalisé que ce serait trop hors sujet, même pour ce forum.
Ce passage fait comprendre toute l’importance qu’on attachait au perron pendant le moyen âge, et comment ces degrés extérieurs étaient considérés comme la marque visible d’un pouvoir seigneurial. Le sire de Joinville rapporte qu’un jour allant au palais, il rencontra une charrette chargée de trois morts qu’on menait au roi. Un clerc avait tué ces trois hommes, lesquels étaient sergents du Châtelet et l’avaient dépouillé de ses vêtements. Sortant de sa chapelle, le roi « ala au perron pour veoir les mors, et demanda au prevost de Paris comment ce avoit esté. » Le fait éclairci, et le clerc ayant agi bravement, dans un cas de légitime défense : « Sire clerc, fist le roy, le rapport entendu, vous avez perdu a estre prestre par vostre proesce, et par vostre proesce je vous restieng à mes gages, et en venrez avec moy outre-mer. Et ceste chose vous foiz-je encore, pour ce que je veil bien que ma gent voient que je ne les soustendrai en nulles de leurs mauvestiés. »
Voilà donc un jugement rendu par le suzerain, en plein air, du haut du perron de son palais.
En dementres (1) que je venoie, je trouvé trois homes mors sur une charrette, que un clerc avoit tuez, et me dist-en que en les menoit au roy. Quant je oy ce, je envoié un mien escuier après, pour savoir comment ce avoit esté. Et conta mon escuier que je y envoié, que le roy, quant il issi (2) de sa chappelle, ala au perron pour veoir les mors, et demanda au prévot de Paris comment ce avoit esté. Et le prévost li conta que les mors estoient troiz de ses serjans du Chastelet, et li conta que il aloient par les rues forainnes pour desrober la gent; et dist au roy "que il trouvèrent se clerc que vous veez ci, et li tollirent (3) toute sa robe. Le clerc s'en ala en pure sa chemise en son hostel, et prist s'arbaleste et fist aporté à un enfant son fauchon. Quant il les vit, il les escria et leur dit que il y mourroient. Le clerc tendi s'arbalestre et trait et en féri l'un parmi le cuer, et les deux touchèrent à fuie; et le clerc prist le fauchon que l'enfant tenoit, et les ensui à la lune, qui estoit belle et clere. L'un en cuida passer par mi une soif et un courtil (4), et le clerc fiert du fauchon, fist le prévost, et li trancha toute la jambe, en tele manière que elle ne tint que à l'estival (5), si comme vous veez. Le clerc r'ensui l'autre, lequel cuida descendre en une estrange meson là où gent veilloient encore; et le clerc féri du fauchon parmi la teste, si que il le fendi jusques ès dens, si comme vous poez veoir, fist le prévost au roy. Sire, fist-il, le clerc moustra son fait au prévost voisins de la rue, et puis si s'en vint mettre en vostre prison. Sire, et je le vous ameinne, si en ferez vostre volenté, et veez-le ci." - "Sire clerc, fist le roy, vous avez perdu à estre prestre par vostre proesce, et pour vostre proesce je vous retieing à mes gages, et en venrez avec moy outre-mer (6). Et ceste chose vous foiz-je encore, pour ce que je weil bien que ma gent voient que je ne les soutiendrai en nulles de leur mauvestiés." Quant le peuple, qui là estoit assemblé, oy ce, il se escrièrent à Nostre-Seigneur, et li prièrent que Dieu li donnast bone vie et longue, et le ramenast à joie et santé.
(1) dementres: pendant
(2) issir: sortir
(3) tollir: enlever, confisquer, prendre
(4) cuida passer par mi une soif et un courtil: s'imagina de passer par une haie en un jardin
(5) estival : botte
(6) outre-mer: le roi parle des Croisades
Madnumforce a écrit:Effectivement, avec un pommeau de ce genre, c'est possible. Pas avec un cocked hat pommel. Je trouve qu'il y a quand même d'importants soucis de méthodologie dans la communauté HEMA, qui est friande de découvertes, et il y a souvent un fort biais de confirmation. Roland avoue lui-même avoir la conviction que "le design d'armes n'est jamais arbitraire", et comme la numérologie, les UFOs ou les paréidolies, quand on veut trouver, on trouve. C'est arrivé même à des scientifiques chevronnés, et ce qu'on a appelé la replication crisis a révélé que beaucoup de résultats pourtant parus dans des journaux peer-reviewed ne pouvaient pas être reproduits independemment. Noter la possibilité d'utilisation à deux mains de ce type de pommeau est intéressant, mais lorsque quelques années plus tard ce constat se transforme en affirmation que le cocked hat pommel (qui ergonomiquement est très différent) est l'ancêtre de l'épée longue, il y a un soucis.
Quatre fois c'est le mot "fauchon" qui revient, laissant entendre à penser qu'il ne l'emploie pas génériquement pour désigner une épée, surtout que le mot ne revient jamais plus dans le reste de ses mémoires. C'est donc bien un usage spécifique, pour une arme spécifique, ce qui me laisse quand même un peu dubitatif quand au fait que ce puisse être une arme d'hast.
abouaswad a écrit:bah, c'est des objets utilitaires, donc la forme est dictée par la fonction, comme les épées d'ailleurs
tiens faudra que je recherche, j'ai quelque part dans mes caisses une garde de rapière, sans doute 17e, trouvée y'a une dizaine d'années
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