Première partie d'un comparatif de quatre pliants "tactiques" - c'est-à-dire grands, solides, polyvalents, faciles d'entretien et d'usage-, comparatif d'abord purement descriptif. Quatre framelocks.
Des tailles comparables, des prix comparables avec moins de 50 euro de différence d'un modèle à l'autre.
Le Strider SMF se trouve surtout aux US (True North Knives fait le meilleur prix), pas si cher, mais l'import coûte cher: 50 euros de frais de port, pas loin de 30% de taxe. Pour acheter là-bas il est impératif de se débrouiller "autrement" (avec un pote, en trichant sur les prix si la boîte le veut, en passant par la poste US, USPS - et pas UPS comme j'ai fait). Le Hinderer XM 18 se trouve en Europe pour pas trop cher non plus (moins qu'un Seb large neuf en France). Les revendeurs sont sur le site de Rick Hinderer. Le Large Sebenza se trouve PARTOUT, et surtout d'occase pour pas trop cher non plus. Le Tac-Thiel ne se trouve que chez Sacha Thiel (6 mois de délai à peu près je pense: j'ai eu de la chance, le mien était en stock; j'aurais sans doute choisi une finition du manche plus sobre, ou plus "tox', mais finalement en mains celui-ci est plutôt discret et joli.)
Je le redis: les couteaux de Sacha (mais aussi ceux de Thierry et Gaetan) ne sont pas plus chers que les semi customs que sont les Strider, Hinderer et Sebenza (hum: 90% indus plutôt).
- Strider SMF plaquette G10, lame S30V, 9,9 cm pour 7,7 cm de tranchant, épaisseur 4,5 mm, manche et clip titane, 13 cm, plaquette G10, entretoise incorporée. Longueur totale 22,9 cm.
- Hinderer XM 18 3,5" plaquette G10, lame S30V, 8,9 cm pour 7,8 cm de tranchant, épaisseur 3,5 mm , manche et clip titane, 12 cm,plaquette G10, 3 entretoises. Longueur totale 20,7 cm.
- TAC-THIEL , lame ATS34, 9 cm pour 8,6 cm de tranchant, épaisseur 3,5 mm, manche titane anodisé et plaquettes G10 ajourées, 11,6 cm, une entretoise (G10 ou carbone?). Longueur totale 20,6 cm.
- Large SEBENZA Regular, lame S30V, 8,9 cm pour 8,5 cm de tranchant, épaisseur 3 mm, manche et clip titane, 12 cm, 2 entretoises. Longueur totale 20,9 cm.
Un dessin un peu "militaire" pour les SMF et XM18, très original pour le Tac-Thiel, ultra classique et un peu "ancien" pour le Sebenza.
Des tailles comparables: ce sont quand même de grands couteaux, le Strider SMF est assez énorme, le Sebenza fait plus frêle, la lame du Tac-Thiel est la plus imposante car la plus large. Strider et XM18 ont finalement les plus petites longueurs de lame utiles, alors que ce sont les deux plus grands couteaux. Tout est axé sur la prise en mains avec des manches très étudiés, pas forcément les plus pratiques au final.
Finition "stonewashed" pour Strider et Hinderer..., idem pour la lame du Seb. En revanche le manche du seb est ultra sensible aux rayures: disons qu'il se traite tout seul, et qu'on obtient assez vite une finition stonewashed "naturelle".
Détails du lock pour chacun des couteaux: énorme sur le SMF, dur à délocker, presque pareil sur le Seb, un peu plus doux. Les deux claquent comme un coup de fusil. Souple et s'engageant assez peu sur le XM18 (malgré une épaisseur... conséquente), c'est juste parfait sur le Tac-Thiel, pour le lock comme pour le délockage.
Même sécurité pour brider en latéral le mouvement du lock sur le SMF et le Hinderer, mise au point par Rick Hinderer. Pas bête, une sorte de barillet s'encastrant dans le lock. Vraiment utile? Je n'ai pas la réponse.
Détails des pivots et de la visserie: énorme, mais creux, sur le SMF, plus petit, mais plein sur le XM18: les deux se ressemblent beaucoup. Assez quelconque sur le Seb. Magnifique sur le Tac-Thiel. Pour ce que j'en ai fait jusqu'alors, le SMF est complètement insensible à la poussière, au sable, le TAc-Thiel un peu plus; les grains de sable ont tendance à rester sur les surfaces en rotation. Ca grince un peu: un coup de WD40 et listo.
Détail des entretoises. Couteau "ouvert " pour le XM 18, donc facile à nettoyer (comme le Seb). les entretoises du XM18 sont très chouettes (elles plaisent beaucoup à son concepteur qui les appelle "monster" standoffs).
Le stop pin est en position sur la lame pour le XM18 comme pour le SMF. A noter que sur le SMF il n'entre en contact qu'avec la platine titane, pas celle en G10.
Prise en mains...
Celle du SMF est parfaite, malgré un manche d'allure un peu "massive", avec deux positions pour l'index, dont une sur la lame, très bien pensée.
A l'inverse pour le XM18 le flipper qui joue le rôle d'un quillon de garde permet une prise en main très ferme, mais peu "mobile": il n'y a pratiquement qu'une position possible pour la main. L'arrondi sur la lame n'est pas fait pour y poser l'index, sauf si l'on tient absolument à le raccourcir. Le doigt déborde facilement sur la lame, ce qui est impossible sur le strider.
Pour le Tac-Thiel, position très ergonomique, très libre.
Enfin le Sebenza: simplicité une fois de plus, et du coup multiples positions possibles.
Lames...
Profil "spanto" pour le XM 18: la lame est épaisse, solide et le profil est conçu pour ça, donnant un peu de finesse à la pointe. La lame n'est pas très large, il en manque un peu selon moi, comme en longueur. Le flipper est bien pour désengager la lame, que l'on finit d'ouvrir avec le pouce. Il y a des vidéos sur le net où la lame flippe jusqu'au bout tout en douceur; il faut que le couteau se rôde probablement, mais ce n'est pas possible sur l'exemplaire que j'ai en mains.
Très large pour le SMF; le hole est très pratique.
Ergonomie parfaite pour le Tac-Thiel, dont le hole est juste … parfait. La lame est la plus large du comparatif, émouture creuse.
Emouture creuse pour le Sebenza, un tranchant redoutable.Un peu trop "pointue" et pas assez large, mais c'est une affaire de goût.
Strider SMF Couteau "Mad Max", assez typé, pratique à l'utilisation, mais lourd et encombrant au repos, en poche. le clip n'assure pas une position ni discrète ni très confortable.
Hinderer XM 18 Encore un couteau "militaire". Quasi parfait selon moi, sauf la position de la main peu mobile. Clip réversible.
Tac-Thiel La conception est parfaitement étudiée, et ça se sent à l'usage, au-delà de l'aspect visuel original. Prise en main, largeur et longueur de lame, ouverture, tout est nickel.
Le seul reproche: je porte des pantalons style treillis, avec des poches larges: sans clip en position assise j'ai déjà perdu plusieurs fois le couteau au fond du fauteuil. Un clip gâche un peu l'esthétique, mais c'est une sécurité.
Large Sebenza, Regular On peut trouver à redire sur l'esthétique un peu "ancienne", sur le profil de la lame (pour moi), mais c'est un couteau assez parfait dans sa conception. Comme me le faisait remarquer Ilium sur le forum, la démontabilité est pour un couteau destiné à être utilisé dans des conditions difficiles un vrai critère de choix. Les trois autres le sont aussi, mais pas en 15 secondes...
Un classement à l'issue de cette première partie? Pas vraiment. Ou alors mon opinion seulement, bien subjective, ou le feeling et l'attrait rentrent beaucoup en compte. le sebenza est un peu à part, et je comprends que certains ne jurent que par ce couteau, et y reviennent toujours. On peut vite s'y habituer, et en faire une extension discrète et totalement fonctionnelle de votre main. Le Strider SMF est un peu un objet de fantasmes, pas très avouables d'ailleurs: allure guerrière, apocalyptique, belle conception, mais au final pas le plus pratique. Bien gourmand, j'ai préféré le SMF au SNG plus petit, mais ce-dernier (cf test de Leeroy et Tuan sur "A couteaux tirés") est sûrement plus pratique. Il semble que 21 cm pour un pliant grand modèle ce soit une taille maximum (Thierry n'agrandit pas ton Lovit!). Bon c'est subjectif.
A égalité, Tac-Thiel et XM18. Pourtant le Tac-Thiel est à mon avis mieux conçu (hormis l'absence de clip, mais c'est le choix du concepteur) et mieux fini (custom contre indus: ça se voit quand même un peu), mais le XM 18 me plaît tout simplement, sans autre raison particulière.
Au final, je ne pense pas que celui qui achète un de ces couteaux puisse en être déçu: un bémol pour le SMF, très/trop encombrant. Mais les quatre rempliront fidèlement leur office, et pour longtemps je pense.
Suite du test: Grand Brâme, d'Alain Descy
Le Grand Brâme est un couteau atypique, de par sa taille, et de conception: fait pour résister à tout. Du D2 partout, intégralement trempé. Les plaquettes ont été refaites par Thierry Savidan, en micarta (originales en os), nouvelle visserie noire et finition "stonewashed" pour la lame et le manche en tôle pliée, probablement moins sensible aux rayures que la finition d'origine
Pour la taille, le Grand Brâme n'a pas de concurrence...
10,7 cm de lame, 25,2 cm ouvert,14,5 cm fermé
Epaisseur de la lame à 3,5 mm
Prise en mains excellente, la place pour l'index est bien pensée. Je trouve juste les crans du lock un peu agressifs pour le pouce...
Emouture plate, sur les 3/4 de la hauteur de lame
Système de lock propre à Alain Descy: pas de jeu, inébranlable. Pivot: assez quelconque en fait. L'ouverture d'une main est facile en prenant la lame entre pouce et majeur, puis en terminant avec le pouce. les derniers modèles sont prévus pour.…
Pas de clip (hum...) étui Uguetti qui permet un port "relativement" discret.
Un couteau un peu à part donc, à réserver au fan: il est vraiment très grand, son usage est proche de celui d'un fixe, en plus discret. Je pense qu'il faut l'avoir tenu en mains avant d'en faire l'achat, au risque d'être surpris par la taille, du moins pour un pliant. Mais c'est un super couteau, et ce petit "rhabillage" par Thierry lui donne un look un peu plus "moderne".