Assurément le plus connu des couteaux Sarde le "Pattadese" communément appelé Pattada de son lieu d'origine au nord de l'île (à une enjambée de là où j'habite) la forme de sa lame en feuille de myrte très affilée au tranchant redoutable, ne comportait à l'origine pas d'onglet ni de système de blocage (une friction bien ajustée en assurait le maintien) communément faite dans des aciers "C62- C70", le manche est traditionnellement fait autour d'une âme en fer sur laquelle viennent rivetées des plaquettes en corne de béliers ou de mofflons pour les modèles plus luxueux, une mitre monobloc en laiton assurait la solidité du montage de l'axe. Couteau de berger à but alimentaire, tantôt de défense tantôt utilitaire (tuer une bête dépecer)…on allait chez le forgeron qui façonnait la lame à la demande plus ou moins large ou épaisse.
Au sud ouest on trouvera " L'ARBURESA" de la région d' Arbus, de même inspiration mais la forme de la lame est généralement plus large et ventrue, le manche est usuellement en corne de bélier soit monobloc ou avec âme en fer. Contrairement au Pattadese le manche se termine par une partie droite et non avec cet arrondi caractéristique qui évoque l'avant d'un drakkar (mille légendes se racontant à ce sujet)
Quant au "GUSPINESE" à la pointe tronquée il est le plus récent, son origine remonte à la loi de 1908 qui interdisait les couteaux à lame pointue (et oui le législateur a toujours eu une dent contre l'objet de nos désirs) il s'agit là d'un traditionnel couteau de mineur, parfait pour un usage alimentaire (y va bien au fond du pot de rillettes, comme dirait Oufti) mais il allait aussi bien pour affliger à son adversaire de vilaines balafres au visage…
Autour de ces deux classiques des formes différentes sont apparues ces dernières années rendant la coutellerie Sarde très productive et inventive.
Sur la photo: en haut un Arburesa (de Pusceddu) en corne de bélier
au milieu un Pattadese, (de Fogarizzu Boiteddu, le père, mon coutelier préféré) le manche est en corne de moufflon avec sa forme caractéristique, j'ai commandé ce couteau qui est en fait la réplique de celui offert par mon grand père quand j'était gamin...
le dernier un (PILU) à cran forcé
la photo est pas super mais y a plus de lumière
Ma paresse ne me laisse aucun temps libre.