Mon niveau de nerd n'ayant pas fini d'atteindre des sommets, j'ai décidé de tester une nouvelle expérience avec pour base un concept largement utilisé dans le passé mais aujourd'hui totalement disparu (du moins en France) : le fer battu. Par exemple ici un catalogue de 1910 :
Vous savez sans doute qu'autrefois les rétameurs étaient des artisans abondamment présents dans les campagnes, voyageant de villages en village pour rétamer les ustensiles des uns et des autres. Une grosse part de ce qu'ils faisaient n'était pas le rétamage du cuivre (qui restait quand même assez luxueux), mais bien celui de la tôle, les ustensiles en fer battu étant tout simplement composé d'acier doux, étamé ensuite. On trouvait toutes sortes d'ustensiles ainsi : couverts (fourchettes, cuillers, assiettes...), bassines, poêles, casseroles, chinois et passoires, louches et cuillers... certains étaient rétamés par immersion dans un bain d'étain fondu puis soigneusement essuyés pour les débarrasser du trop plein, d'autres étaient rétamés exactement comme pour le cuivre.
J'ai donc décidé dernièrement de faire le test, comme j'ai déjà les produits pour le rétamage sous la main et que l'idée me plaisait bien.
Premièrement, achat d'une poêle en acier. J'ai opté pour une très simple "lyonnaise" de chez De Buyer pour deux raisons : déjà elles sont vraiment pas chères (là une 24cm pour 17 boules), ensuite elles sont vraiment hyper traditionnelles et "à l'ancienne" et se prêtent donc très bien à la chose. Si l'étamage rate, en plus, ce n'est pas une giga-perte.
Après commande dans un magasin d'ustensiles à proximité, la voilà reçue hier.
Elle offre deux avantages comparée aux casseroles en cuivre que j'avais essayé de rétamer il y a pas mal de temps : la forme des bords (évasés et arrondis) et le fait qu'ils soient bien bas facilitera beaucoup l'étamage, ensuite, et surtout, elle pèse quasi rien (moins de 600g, comparé aux 1,5 à 2kg des casseroles en cuivre, c'est quand même plus maniable).
Aujourd'hui, essai. Après un bon décapage de l'intérieur et un bon coup d'acide chlorhydrique suivi d'un rinçage soigneux, l'étamage passe comme une fleur. Presque parfait : je pense que si j'avais chauffé moins longtemps je n'aurais pas eu ce côté un peu cloudy mais un étain bien brillant, quasi miroir.
Bref, une poêle très légère qui sera très réactive à la cuisson. L'étain n'autorise pas une chauffe très forte, mais de toute façon même sans ce n'est guère possible avec ce type de poêle, étant donné la finesse de la tôle qui doit finir par se gondoler rapidement en cas de chauffe un peu vener. De plus, contrairement à mes autres poêles en tôle, pas à se soucier du culottage : je pourrai y faire cuire tout et n'importe quoi sans souci.
On va tenter l'utilisation prochainement, et si ça marche bien, je vais peut-être faire l'achat d'une plus grande poêle pour avoir un duo !