Aujourd’hui, la salade de fruit.
Bim. Rime.
Rebim, re-rime. Ça commence très fort.
La salade de fruit j’aime pas ça moi. Ya souvent des pommes trop acides, des oranges soit immachables soit en mirouille, des kiwis qui perdent leurs pépins tellement y se demandent ce qu’y viennent foutre dans cette galère, des poires plus raides qu’un député qui renifle un appel d’offre véreux, des grains de raisin fades, une rondelle de banane en purée et un jus au fond dont on ne sait pas trop de quoi il est fait ni a quoi il sert sinon ramollir les morceaux du fond du saladier depuis 8 heures. Voilà, celle-là de salade de fruit, on l’a tous goutté et j’l’aime pas. C’est dit.
Donc j’ai fait ma salade de fruits. D’été. Et j’te mets la recette parce que c’est toi. Bon là c’est tard pour celle-ci, c’est la fin. Tu pourras la refaire l’été prochain.
Parce que oui, tant qu’à faire, des trucs de saison c’est mieux. Et bons, pas bourrés de pesticides, et murs*. Oui, murs. Va au marché, renifle la marchandise. Parce qu’en fait putain, ya des tas de gars qui te vendent des trucs pas murs en fait que c’est une horreur. Ya plus moyen de trouver un avocat mûr t’a remarqué ? Faut en acheter douze et dedans t’en a un de bon. C’est la fin du guacamole c’t’histoire. Et même chez des gars bio ou quoi, yen a qu’arrivent à te faire du bio, mais pas mûr. Ça sert à rien hein. Et je cause pas des grandes surfaces. Eux ils ont des petits malins qui ont bossé dur pour se dire « quelles sont les caractéristiques d’un bon fruit pour les gens ? Alors… Il est bien coloré, on va bidouiller des trucs colorés. Y sent bon… on va y coller du parfum dans la boite... ». Et ainsi de suite. Les gars se sont patiemment fait chier pendant des années à feinter tout un tas de trucs, alors qu’ils auraient juste gagné 30 piges en se disant : « Faut qu’y soient mûrs** ». Enfin bon, c’est comme ça qu’on se retrouve avec cette saloperie de poire toute dure. Donc s tu t’es fait fourguer un fruit pas mûr, ben tu le mets pas dans la salade. Tu le cuits, tu fais un tennis avec, mais pas dans la salade ! C’est pas compliqué quand même ! Merde !
Oui bon, je m’énerve je sais. Je vais respirer. Du coup c’est ptet pas la peine qu’on parle cuisson du pain tout de suite…
Bon donc, quand t’as trouvé des trucs qu’ont du goût, ben t’essaie que les goûts aillent ensemble. Et là moi je dois dire que je suis pas mécontent de ce que je te propose. Tu goûteras, tu me diras.
Donc ici il te faudra :
- Des framboises (à peu près comme tu veux).
- Des fraises (environ comme t’aime). Pas trop grosses, l’idée c’est de les couper en deux, 4 au grand maxi, voir de les laisser entières.
- Des pêches jaunes et des blanches (faut bien compter plusieurs pêches, disons un certain nombre)
- De la pastèque (entre 10g et 8 kg selon le goût)
- Du sucre, peut être.
Préparer les fraises. A cette étape, un Claudel est recommandé. Ya rien de sorcier dans la recette, mais faut des bons outils, sinon t’as pas le droit de la poster dans les recettes au couteau. Et ouai.
Tu les réserves, pis tu t’attaques aux pêches. Les pêches c’est chiant. Soit elles sont bien molles et la peau part toute seule mais tu peux pas faire de quartiers qui se détachent du noyau sans tout écraser, soit les quartiers de détachent mais faut éplucher (dans ce cas là goûte quand même que ce soit mur). Pour la pêche, faut un Cassca, pasque son manche en micarta, en plus d’être du plus bel effet, ne craint pas le jus. Pas con hein ?
Tu les réserves, pis tu passes à la pastèque. Là faut arrêter tes connerie avec tes offices hein, tu vas t’en foutre jusqu’au coude sinon. Passes plutôt sur une belle grande lame de la forge de Pierre. Si si.
Voilà. Les framboises tu les touches pas. Mais ça empêche pas de le faire avec classe :
Bon.
Alors tu remarqueras que je t’ai dis de tout réserver. Oui, parce que c’est le souci de cette recette. Faut soit la faire minute (mais bon, c’est pas toujours évident), soit couper tes fruits, mais les garder séparément et non sucrés. Comme ça y se vident pas de leur jus en marinant et se tassant (surtout les framboises qui se font écraser par les autres.
Donc quoi, une demi heure avant de servir, tu mélanges tout très délicatement et tu peux y coller un soupçon de sucre roux. Ça ça dépend en fait. Du goût de chacun, mais surtout des fraises je trouve. La pastèque, elle est toujours bien fraîche et aqueuse. Les pêches elles, si elles sont effectivement mures, sont toujours bien sucrées. Les framboises ça se suffit à soi-même. Les fraises elles, selon la variété, l’époque, elles peuvent être plus le sucre ou un peu plus sur l’acide, donc tu goûtes pis tu vois. Et tu sers dans des petites bolinettes, que les gens en reprennent. Voilà. Là comme ça j’aime.
*Oui je sais, ça s’écrit mûrs, chuis plus vieille école moi aussi. Mais en farfouillant j’ai appris que contrairement à ce que je pensais l’^ de ce mot c’était pas pour le différencier de la construction maçonnée rectiligne, mais pour des histoires de prononciations qui ne sont plus valables. Autrement dit il n’est pas ici pour être diacritique, même s’il l’est sans faire exprès, mais pour marquer l’amuïssement d’un « y ». Donc pour ramener ma science parce que j’ai appris deux mots, j’ai viré l’^ de la recette sur les pluriels conformément à la réforme orthographique de 1990. Il reviendra, soyez en sû… Certains.
** Des gars qui n’ont pas assez de morale pour faire mûrir un fruit ne peuvent pas s’intéresser a des histoires de prononciation moyenâgeuse.
Ne croyez pas tout ce que vous pensez.
T'facon l'acier c'est pas important du moment que c'est de l'acier. ASR.