A ma première affectation professionnelle, j'ai découvert l'Alsace, mais surtout une Alsacienne amoureuse et fière de son terroir et de toutes ses traditions qui m'a fait découvrir entre autres la cuisine régionale locale. "À l'intérieur", quand on pense cuisine alsacienne, on pense souvent choucroute, mais c'est bieeeeeeeen plus vaste que ça, on n'imagine pas en fait.
Ça a plu à tout le monde chez moi, alors en vacances chez mon frangin, pour la session bro-cooking rituelle, une recette qui occupe un peu, parce que sinon ça laisse moins de temps pour picoler en discutant et du coup c'est moins drôle. Hier donc, attention le mot compte triple, Fleischschnacka : de Fleisch, la viande, et Schnacka, l'escargot. (Les Bas-Rhinois disent Fleischschnecke mais ils sont ridicules quand ils parlent et ça fait pas plus de points.)
Pour commencer, il vous faudra faire un pot-au-feu, parce que pour cette recette on aura besoin de viande de pot-au-feu cuite. J'ai pas mis le détail ici, déjà que là on a perdu la moitié de l'auditoire... Le mieux c'est de faire un pot-au-feu avec plus de viande qu'il n'en faut, ce que l'on a fait, comme ça vous préparez deux plats en une seule fois, bam. Nous on a lancé le pot-au-feu le matin, pis le temps que ça cuise, on est allé faire un footing, en prévision.
Ici donc, début d'aprèm, la viande est sortie du bouillon et débarrassée des os, des parties bof etc.
Bon, les tofs sont faites à l'arrache au smartphone hein, c'est parfois flou et pas aussi beau/épuré que sur celles de Baloute, vous verrez y'a le lave-vaisselle qui déborde et tout mais bon... On passe tout ça à la moulinette, hop. Là j'ai deux kilos de viande.
Ensuite il vous faut une grosse botte de persil du jardin et des oignons.
Plein.
Oui, ça va être précis comme ça tout du long, accrochez-vous.
Ah et pis aussi un Serbian Knife de Agone hein, ben oui.
Quand c'est émincé, on fait revenir les oignons dans du beurre.
Plein.
Ah bah j'avais prévenu hein.
Quand les oignons deviennent translucides mais sans les colorer, on ajoute la viande et on fait revenir en mélangeant bien tout et en salant poivrant. Je rajoute le persil ciselé hors du feu pour le garder vert, il cuira plus tard.
Oui, mes neveux ont un trampoline, j'étais contre, c'est dangereux et surtout moche mais bon... Si vous aussi vous avez un rebord de fenêtre, vous pouvez aussi mettre le restant du pot-au-feu dehors, vous allez avoir besoin de place.
A ce stade, on étale la pâte à nouille que l'on avait faite pendant que le pot-au-feu cuisait, après le footing. Ah ah ! Flash-back, c'te scénar de ouf.
Ici j'ai 700g de farine, sept oeufs, un peu d'eau et de sel, et j'étale en deux fois. Vous essayez de rester le plus près possible d'un rectangle, pas comme moi.
Quand la pâte est assez fine, 2-3mm on va dire, on étale la moitié de la farce, sur une épaisseur d'un bon centimètre, et on tasse un peu. Pas trop sinon ça va coller la pâte sur le plan de travail et alors là vous êtes tout seul hein... Et gardez une paire de centimètre sans farce en haut pour sceller le bazar.
Ensuite on roule tout ça en serrant un peu pour former un joli boudin et on le referme sur la longueur en scellant avec de l'eau sur les deux centimètres que l'on a laissés sans farce. N'hésitez pas sur la farine une fois terminé, faut pas que le bestiau colle partout hein.
Tadaaaaaaa !
Ça doit ressembler à quelque chose comme ça, niveau épaisseur pâte/farce.
On recommence avec le reste de la pâte et de la farce et on obtient tout ça. Là c'est des quantités pour beaucoup hein. Pour dire le soir on a mangé à 8 sur un seul boudin, le restant sera congelé (et ça c'est cool). Tant qu'à y être hein... Bon y'a la soupe de potimarron qui cuisait à côté…
Rendus là vous avez mérité de boire un coup. Alors pourquoi pas goûter le vin blanc sec qui va nous servir ensuite ? Un Edelzwicker fera très bien l'affaire.
Le Serbe va reprendre su service aussi. Et il faut qu'il soit bien aiguisé sinon vous allez tout poufioller.
On découpe ensuite notre boudin en rondelles de 2 centimètres d'épaisseur environ.
Et on va les faire revenir à la poêle/sauteuse/faitout dans du beurre.
Ne les serrez pas trop, il nous faut de la place entre chaque.
Le beurre doit "mousser" sans cramer hein. Et ne mettez les rondelles que quand il est bien chaud sinon elles vont tout absorber et ça ne va pas dorer comme il faut.
On va chercher cette coloration, plus ou moins hein, y'a pas d'académie du Fleischschnacka à ma connaissance.
Quand c'est bien doré des deux côtés, on va mouiller avec un mélange de bouillon du pot-au-feu et de vin blanc. J'espère que vous avez pas tout bu, bande de poches ! Ici pour un boudin j'ai utilisé un demi-litre de vin et un litre de bouillon.
Ensuite on couvre et on baisse le feu. À cette étape on va cuire la pâte. On remet du bouillon régulièrement, faut pas tout détremper mais faut pas que ça sèche non plus.
Et au bout de vint minutes environ, on obtient ça. La petite poêle en haut est en retard hein...
C'est pas sec, ça se tient bien, la pâte à nouille est cuite-imbibée de bon bouillon au vin, huummmmmm...
Vus servez ça avec une petite salade verte et un blanc d'Alsace tant qu'à y être.
A'gueter !