ploumploum-tralala a écrit:tu sais alias que je suis fan de ton idée, ton travail, tes photos, le resultat.
mais chuis franc... là, je trouve que ça commence à faire chargé et la fonction couteau devient de plus en plus anecdotique.
honnête
Je sais que tu es franc et c'est bien d'avoir des critiques, je te remercie pour cela. Ça permet aussi de répondre et de mettre à plat ses idées, je n'essaie pas de faire l'unanimité.
Je répond mais il ne faut pas prendre ça mal, je fais simplement part de mon point de vue sur la question parce que j'ai pas mal réfléchi à ça, pourquoi je le fait et comment et pourquoi un couteau et pas autre chose. Je répond parce que ça me permet d'expliquer ma démarche.
Je ne suis pas d'accord avec le mot kitsch qui pour moi exprime quelque chose de tout à fait différent. Si tu regardes bien, et c'est un choix délibéré de ma part, il n'y a pas d'éléments décoratifs, de dorures, d'ajout de pierre ou de matières précieuses, de sculpture figurative, rien que du bambou, un pivot et une lame. Il n'y a pas non plus de références propres et identifiables à un "style" japonais, pas de laçages et peau de raie façon poignée de sabre, pas d'idéogrammes gravées, rien de vraiment japonais si ce n'est que j'utilise des lames japonaises parce qu'elles sont avant tout de bonne qualité. Je ne connais personne au Japon qui fasse des pliants en bambou, je ne suis pas dans l'imitation folklorique, donc je ne crois pas que ce que fait puisse être qualifié de kitsch.
Je ne suis ni coutelier ni artisan, je fais ma petite démarche personnelle autour de l'objet couteau et de la nature. Pourquoi ? Je pense parce que je suis un citadin né à la campagne et que ça vient d'une certaine nostalgie, le couteau évoque pour moi l'enfance et une certaine liberté et je m'influence de la Nature parce que vivant en ville, j'aime l'idée de pouvoir trimballer un objet qui évoque la Nature.
J'essaie d'avoir un dialogue avec le matériau que j'ai choisi et qui je crois est inédit dans la coutellerie ou alors très peu utilisé. Je l'ai déniché moi même, un peu par hasard et j'expérimente. Dans cette dernière série j'ai voulu faire un truc sur le vieillissement, l'érosion, la patine, parce que cela fait un moment que ça me travaille. Alors oui forcément c'est plus chargé, je suis d'accord avec toi mais cela je l'assume complètement. Mon but n'est pas de plaire à tout prix mais de m'exprimer et de chercher en allant aux limites. Je n'ai pas de démarche commerciale dans le sens que que je n'en dépend pas pour vivre donc pourquoi me priver si je peux préserver une totale liberté dans ce passe temps. Forcément, un jour je fais des choses qui plaisent à certains, moins à d'autres, mais qui vont peut être plus apprécier quelque chose que je ferai un jour plus tard. C'est pas important, cela ne doit pas trop influencer, et de toute manière je n'ai pas le choix
je dois le faire, c'est une petite voix intérieure qui me le dit
Je continuerai à travailler le vieillissement parce que je ne peux pas m'en empêcher en ce moment, jusqu'à ce j'estime que j'en aurai fait le tour et que j'aurai envie d'essayer un nouveau truc. C'est un passage obligé qui m'empêchera pas plus tard de faire des choses beaucoup plus minimalistes et qui m'amènera certainement à autre chose. Chaque couteau m'amène à un autre et ce qui compte pour moi c'est ce cheminement vers quelque chose que je ne connais pas encore.
Je ne suis pas d'accord sur la "fonction couteau qui devient de plus en plus anecdotique". Je crois que par rapport aux précédents j'ai pas mal amélioré l'ergonomie et réfléchi plus à la fonction. Sans me vanter je crois qu'ils sont plus agréables à utiliser que lers higos du commerce, que la friction est mieux, qu'ils offrent plus de sécurité. J'insiste là dessus parce que je fais attention à ça.
Dans les seize pièces de cette série qui ont tous été terminées en juin (je les ai pas postés d'un coup) et qui forment un ensemble, il y a plusieurs sortes de couteaux. Il y a ce qu'on appelle des PLU, petites lames urbaines d'environ 60 à 80 mm, des couteaux de poche quoi. Il y a des couteaux pensés pour l'assiette (lame de 90 à 10mm et pas de krotocul) et des couteaux de bureau "desk top knives" pensés pour le plan de travail (petite lame et présentoir logement). Dans leur domaine respectif ils remplissent amha très bien leur destination. Pourquoi seraient-ils moins fonctionnels que d'autres ? Il y a une bonne prise de main, il n'y a pas d'inconfort, ils ne risquent pas de se refermer sur les doigts, les lames sont d'un bon acier, coupent et ont des profils utilitaires, les manches sont solides et ne craignent pas de se prendre un pêt ou une rayure (comme par exemple une surface de titane bien lisse). Je veux bien qu'on me dise que la fonction couteau est devenue anecdotique mais en quoi exactement ?
Sur les seize il n'y en a vraiment qu'un qui soit moins évident à utiliser, c'est le gros 73 avec la queue en crotale (page1) et encore. Mais je crois que c'est important de temps en temps de faire un truc poussé aux limites, d'expérimenter, cela permet d'essayer de nouvelles choses qui serviront dans d'autres et de poser un jalon. Il n'y a pas pour moi de frontière très délimitée entre ce qu'on appelle à tort ou à raison le couteau d'art et le couteau utilitaire, j'essaie de surfer entre les deux et de temps en temps je me permet une pièce borderline. Une sur seize, c'est pas beaucoup.
Bon j'arrête sinon je continue toute la nuit
Encore une fois je répond par jeu, pour alimenter la discussion et faire part de mes idées, par pour polémiquer.