Pit65 a écrit::wink:
Tiens, j'aimerais bien qu'Oligo me dise quelque chose à propos des cultures amérindiennes de la Belle Province. Je me souviens juste qu'on m'avait expliqué que le fait de porter un couteau était (et reste parfois) très important. Entrer dans les bois sans pouvait ainsi etre considéré comme un manque d'humilité vis à vis de la nature...
J'ai trouvé ça:
Pour les autochtones, le Couteau revêt une importance capitale. Pour nous Métis, nous le portons très régulièrement, notamment pendant les pow wow et les rassemblements communautaires. Les Métis du Québec sont demeurés très attachés au Couteau.
Le Couteau est riche de significations et de sens. C'est par le Couteau que nous rétablissons le contact entre nous et la nature, et que nous nous refondons parmi elle. Le Couteau signifie la vie et la mort. Il laisse entrevoir les dangers que nous devrons peut-être un jour affronter. Il signifie le sang, nécessaire à toute survie. En ce sens, le port du Couteau est aussi un acte d'humilité face aux forces de la nature. Il peut être choquant pour un métis que de voir des gens entrer dans la forêt sans Couteau; le fait qu'un homme entre dans les bois sans porter de Couteau constitue un manque d'humilité de l'homme face à la nature. En plus de démontrer sa méconnaissance et son manque d'expérience du bois, un tel homme se considère comme étant au-dessus de la nature, ce qui est un non sens pour l'autochtone voire un mépris.
L'éducation au Couteau se fait très jeune. Cela commence souvent avec un Canif. Dès lors, le père nous apprend à le porter constamment avec nous; il nous fera découvrir durant l'enfance toute l'importance de ce premier Couteau. Du coup, l'enfant, même s'il vit encore régulièrement des moments de frayeur dans la forêt (notamment dans la noirceur ou lorsque seul), apprend à s'intégrer à la nature, à ne faire qu'un avec elle. Il apprend vite que la nature signifie la vie et la mort, et qu'il doit y trouver sa place au même titre que lui enseignent ses frères les animaux; il apprend vite la pureté et le réalisme de cette nature, nature qui ne lui mentira jamais.
Le passage du canif au poignard diffère d'une personne à l'autre. Plusieurs ont recu leur premier poignard lors d'une première chasse au cervidé ou à l'ours. Personnellement, étant donné que nous n'étions pas des chasseurs mais des pêcheurs, j'ai recu mon poignard à l'âge de 11 ans, lors du retour d'une petite expédition en rabaska d'environ 7 jours sur le Fleuve Saint-Laurent. Pour la première fois, mon père n'était pas derrière moi pour affronter le danger. Ayant eu rapidement vent que l'expédition avait été difficile à cause d'une tempête, d'un manque d'eau et de vives, et que j'étais demeuré courageux, mon père décida donc que j'avais trouvé ce chemin qui mènera inévitablement l'enfant à devenir un homme et à ne faire qu'un avec la nature.
La remise du poignard fut un moment inoubliable. Le paternel me laissait entrer dans le monde des grands. Désormais, dans toute expédition, je serai considéré comme un homme et je devrai l'assumer. D'autres hommes compterons sur moi s'il advenait une situation dangereuse.
Je me rappelle encore les pleurs de ma mère, effrayée que son "petit" se retrouve armé d'un poignard de 13 pouces de long. Elle n'avait malheureusement aucune importance dans cette communion qui s'établissait qu'entre mon père et moi. Ce fut la chose la plus importante que mon père m'est retransmise. Il me raconta plusieurs fois comment sans poignard il aurait perdu la vie. Il me disa que l'homme qui ne fait qu'un avec la nature, n'a besoin d'apporter avec lui que son poignard lorsqu'il rentre en expédition dans les bois. Le poignard devient les griffes et les crocs de l'homme; et en ne possédant que le poignard comme instrument, l'homme ira trouver en lui-même et développer toute la force et le courage nécessaires à la vie sauvage.
Cette culture bien autochtone du Couteau ne s'est pas fait sans heurts. Mon père, qui avait eu la chance d'avoir fait des études universitaires de 3e cycle, était devenu par la force des choses un notable dans notre village. Bien que les gens connaissaient ses origines ethniques, il se fondait très bien à la société blanche, la plupart du temps habillé d'un complet cravate. Ce que les gens ne savaient pas, c'est qu'il portait un poignard à la ceinture. Le contraste était frappant. Ses fonctions et ses costumes ne purent jamais éteindre le sauvage qu'il était. Mais ce port culturel et naturel du poignard allait nous causer quelques ennuis. Nos poignards ont en outre été saisis par la police municipale car, selon leurs dires, la lame était trop longue. Déjà à l'âge de 12 ans, mon père s'était fait arrêter par la police montréalaise car il avait un poignard à la ceinture qui, dit-on, descendait jusqu'au genou.
Et il y a ces situations embarassantes qui m'arrivent encore aujourd'hui, où après plusieurs jours dans le bois on revient vers la civilisation en ayant oublié d'enlever le poignard de la ceinture.
Quoiqu'il en soit, le port du poignard, même s'il ne se fait plus vraiment parmi de la civilisation, demeure une chose très importante dans la culture du métis. Il représente cette communion entre l'humilité et la force...les 2 valeurs essentielles à toute vie dans les bois.

Quelle belle journée... /// La patience est toujours récompensée.