Flying Tiger a écrit:Perceval a écrit:Une petite chose qui me trotte dans la tête en lisant vos explications quant à vos difficultés d'apprécier un travail répétitif : On trouve aisément un intéret à perfectionner une pièce, mais on peut à mon avis aussi (j'ai bien dit aussi) en trouver un (passionnant également) à perfectionner le geste qui fait la pièce.
Et ce geste on le travaille tout autant sur une série à l'apparence rébarbative.
Il y a certaines cultures ou la pureté du geste (toujours identique) est un accomplissement en soi.
Ceci étant dit, on peut penser au destinataire final de son couteau même si l'on entre jamais en contact avec lui (il peut y avoir des intermédiaires). Le travail reste le même quel que soit le feeling (idéalement). Si le client d'un jour est un grossier personnage, il peut un jour céder son couteau à un mec extra. Le fait d'y penser à chaque nouveau couteau que l'on pioche dans la caisse à côté du touret me permet pour ma part d'éloigner toute monotonie.
yep, en effet. personellement, je suis plus dans l'idée de ce que je fais que dans le geste qui fait. mon pb au debut etait plutot de ne pas bosser trop vite car mes idées fusaient plus vite que mes mains ne me le permettait. le geste pour moi est un facteur technique, que j'essaie de maitriser puis d'oublier pour ne me concentrer que sur l'idée de la piece que je fais, ce qu'elle doit evoquer, comment on va la sentir, sous la main mais aussi rien qu'en la regardant. je pense que le probleme du geste repetif pour nous vient de là. c'est pas tellement le geste qui va etre repetitif mais ce qu'on veut faire.
pour ce qui est du contact direct, je pense que, dans la logique de notre/ma facon de travailler, rien ne le remplace. En effet, parler du couteau qu'on a voulu faire, est la meme demarche que celui qui va esssayer d'expliquer a un client les secrets d'un damas mosaique: si topn client est ignorant ou n'a pas percuté sur ce qu'il regardait, tu es la pour lui montrer ton point de vue a toi, ce que tu as voulu faire. ca peut faire mouche ou pas. Tout le monde n'a pas envie que d'une lame qui coupe des cartons et etale le paté, ce que fera n'importe quel couteau correctement realisé.
y a aussi autre chose: quand tu travailles pour qq, tres rapidement, meme parfois apres une heure de causerie, tu sens vite ce qui lui plait ou pas, et un client ne sait parfois pas bien expliquer ce qu'il recherche ou meme ce qu'il aime. j'ai souvent fait des couteaux a des clients, qui n'etaient pas le couteau qu'il m'avait dessiné, mais le couteau que je pensais qu'il voulaient! bon, on peut se planter mais a force de voir des gens et de les ecouter, on arrive parfois a cerner mieux qu'eux meme ce qu'ils ont voulu nous expliquer. evidemment un collectionneur ou utilisateur bien rodé n'a pas besoin de nous et on se contente là de respecter ses souhaits.
Crois moi la tete que fait un type quand tu lui sors ce que tu as fait pour lui, alors que lui meme n'arrivait pas a te l'expliquer, ca vaut son pesant de plaisir.
Ce dont tu parles, je l'ai déjà vêcu. D'ailleurs un de nos amis du forum en fait bien assez mention pour que je revienne sur ma dernière expérience de ce type.
C'est sûr que le dialogue est essentiel et que c'est ce qui donne ce caractère unique au couteau destiné à une personne unique aussi. Je voulais juste dire qu'avec les moyens de distribution actuels nos couteaux partent parfois sur le net ou dans les boutiques des revendeurs donc on ne connait pas l'utilisateur. Sentimentalement c'est plus difficile, mais je pense qu'il est important d'être présent à ce que l'on fait même quand la portée de la pièce semble modeste.