
Premières neiges : une journée de chasse au chamois, qui se termine bizarrement.
Beaucoup de chamois, mais pas le bon : 4 heures d'une belle randonnée sous un ciel assez plombé. Brocouille, comme souvent, dans ce genre de chasse, mais avec le plein d'oxygène dans les poumons et quelques douleurs dans mes vieilles jambes.
Et puis dans la descente, au milieu d'un coulé rendu glissant par l'accumulation de feuilles de hêtre mélangées à la poudreuse, un spectacle étrange et dérangeant, dont je ne vous montrerai pas les images, qui sont assez faciles à imaginer : une dépouille assez fraîche d'une brebis tuée quelques jours auparavant par un ou plusieurs loups. Ils sont là depuis quelques mois, l'estive s'est terminée la semaine dernière, le troupeau est descendu de lui-même, et son comportement ne laissa pas de doute aux bergers. Ils en sont à une cinquantaine de bêtes en moins, sur cette saison.


Je ne m'étendrai pas sur le sujet assez polémique des raisons de ces attaques, qui tiennent en grande partie au fait que les troupeaux, composés de plusieurs centaines de brebis et de broutards, sont laissés en liberté dans la montagne, sous la garde de deux ou trois patous. Les loups se servent et on les comprends (enfin, moi, je les comprends, j'aime bien les loups, mais pour les éleveurs, c'est différent...).
Bref, mon couteau au manche vert a servi pour la première fois, pour couper les oreilles de la brebis (elles portent le marquage de l'éleveur), ce qui permettra au berger de se la faire payer par la commission loups...
Là, je me suis senti, seul dans cette immensité blanche, un peu comme Jeremiah... Mon premier réflexe a été de regarder autour de moi, surtout de repérer un arbre sur lequel je pourrais grimper en vitesse ! Le loup craint l'homme et il ne s'en approche pas, surtout, quand il a le ventre déjà bien plein, ce qui est le cas en ce moment...
Les troupeaux vont redescendre dans le Var ou les Bouches du Rhône... Il restera quelques brebis égarées, comme chaque année, qui feront certainement le repas des loups, à moins que nous ne les repérions avant eux.
Mais cet hiver, les chamois et les chevreuils devront rester très vigilants, nous commençons à retrouver des carcasses au printemps, depuis deux ans.
Et moi, je caresse le rêve de pouvoir les photographier, mais c'est une autre histoire, pour le moment, je n'ai photographié que des traces...
Cette photo n'est pas de cette année.
